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Icône de Saint Nectaire Saint Nectaire d'Égine : Écrits cathéchétiques

 

Saint Nectaire est l’auteur de nombreux livres, dont la plupart avaient comme but d’instruire ses concitoyens des richesses de la tradition orthodoxe, en reprenant les traits essentiels de la théologie et de la spiritualité des Pères. Nous présentons ici quelques extraits de ses écrits, en traduction littérale d’une version anglaise (Constantine Cavarnos, St. Nectarios of Aegina, 1988, pages 154-185).

 

LE CHRISTIANISME

La religion chrétienne n'est pas un système philosophique au sujet duquel des hommes érudits, instruits en études métaphysiques, discutent et alors épousent ou rejettent, selon leurs opinions propres. C'est la foi, établie dans les âmes des hommes, la foi qui doit être répandue à tous et gardée dans les consciences.

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Il y a des vérités dans le christianisme qui sont hors de portée de la compréhension intellectuelle, qui ne peuvent être saisies par l'intelligence limitée de l'homme. Notre intellect prend connaissance d'elles, devient convaincu de leur réalité, et témoigne de leur existence surnaturelle.

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Le christianisme est une religion de révélation. Le Divin dévoile sa gloire seulement à ceux qui sont perfectionnés par la vertu. Le christianisme enseigne la perfection par la vertu et demande que ses fidèles deviennent saints et parfaits. Il désapprouve et s'oppose à ceux qui sont sous l'influence de l'imagination. Celui qui est vraiment parfait dans la vertu parvient, par l'aide divine, au-delà de la chair et du monde et entre vraiment dans un autre monde, un monde spirituel ; cependant, non par l'imagination, mais par le don de la grâce divine. Sans grâce, sans révélation, aucun homme, même le plus vertueux, ne peut transcender la chair et le monde.

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Dieu se révèle lui-même aux humbles qui vivent selon la vertu. Ceux qui s'élèvent avec les ailes de l'imagination entreprennent le vol d'Icare et ont la même fin. Ceux qui nourrissent des fantaisies ne prient pas ; car celui qui prie élève son esprit et son cœur vers Dieu, tandis que celui qui se tourne vers l'imagination s'égare lui-même. Ceux qui sont dominés par leur imagination se sont retranchés de la grâce de Dieu et du royaume de la révélation divine. Ils ont abandonné le cœur, là où la grâce est révélée, et se sont eux-mêmes rendus esclaves de l'imagination, laquelle est dénuée de toute grâce. Seul le cœur reçoit la connaissance des choses qui ne sont pas saisies par les sens, parce que Dieu, qui demeure et agit à l'intérieur du cœur, parle en lui et lui fait voir la substance des choses espérées.

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Cherche Dieu tous les jours. Mais cherche-le dans ton cœur, non à l'extérieur. Et quand tu le trouves, tiens-toi avec crainte et tremblement, comme les chérubins et les séraphins, car ton cœur est devenu un trône de Dieu. Cependant, pour trouver Dieu, deviens humble comme la poussière devant le Seigneur, car le Seigneur ne supporte pas l'orgueilleux, tandis qu'il visite ceux qui sont humbles dans leur cœur, voilà pourquoi il dit : " Celui que je regarderai, c'est celui qui est doux et humble de cœur ".

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La Lumière divine illumine le cœur pur et l'intellect pur, car ils sont aptes à recevoir la lumière ; alors que les cœurs et les intellects impurs, n'étant pas aptes à recevoir l'illumination, ont en aversion la lumière de la connaissance, la lumière de la vérité ; ils aiment l'obscurité... Dieu aime ceux qui ont un cœur pur, il écoute leurs prières, accède à leurs demandes qui mènent au salut, se révèle à eux et leur enseigne les mystères de la nature divine.

L'ÉGLISE

Le terme " Église ", selon la vue orthodoxe stricte, a deux significations : l'une d'elles exprime son caractère doctrinal et religieux, c'est-à-dire, son essence intérieure, personnelle et spirituelle, et l'autre exprime son caractère externe. Ainsi, selon la confession orthodoxe, l’Église est définie d'une façon double : en tant qu'institution religieuse et en tant que communauté religieuse (koinonia).

La définition de l'Église en tant qu'institution religieuse peut être formulée ainsi : l'Église est une institution religieuse divine du Nouveau Testament, fondée par notre Sauveur Jésus Christ, par l'économie de son Incarnation, établie sur la foi en lui et la vraie confession, et inauguré le jour de la sainte Pentecôte par la descente du Saint-Esprit sur les saints disciples et apôtres du Christ Sauveur, qu'il a rendu des instruments de la grâce divine pour la perpétuation de son travail de rédemption. En cette institution est confié la totalité des vérités révélées ; à l'intérieur d'elle agit la grâce divine par les mystères (sacrements) ; en elle sont régénérés ceux, qui avec foi, approche le Christ Sauveur ; en elle sont préservés l'enseignement et la tradition apostoliques écrits et non écrits.

La définition de l'Église en tant que communauté religieuse peut être formulée ainsi : l'Église est une société d'hommes unis dans l'unité de l'esprit, dans le lien de la paix.

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Dans un sens chrétien plus large, l'Église est la communauté de tous les êtres raisonnables et libres qui croient au Sauveur, y compris les anges. Cette communauté, comme le dit l’apôtre Paul, est le corps du Christ, la plénitude de celui qui remplit tous en tout (Ép 1, 10 et 20-23) ; cette communauté inclut également ceux qui ont cru en Christ avant sa venue et qui ont constitué l'Église de l’Ancien Testament. Cette Église a été guidée, pendant la période des patriarches, par les promesses et la foi basées sur la révélation, et pendant la période de Moïse et des prophètes, par la loi et les prophéties.

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La vision correcte de l'Église distingue entre l'Église combatte et l'Église triomphante. L’Église est combattante tant qu'elle lutte contre la méchanceté pour le règne du bon, elle est triomphante dans les cieux, là où demeure le chœur des justes, qui ont lutté et ont été rendu parfaits dans la foi en Dieu et dans la vertu.

LA TRADITION

La Tradition sacrée est l'Église même ; sans Tradition sacrée l'Église n'existe pas. Ceux qui nient la Tradition sacrée nient l'Église et la prédication des apôtres.

Avant la rédaction des Saintes Écritures, c'est-à-dire, des textes sacrés de l'Évangile, des Actes et des Épîtres des apôtres, et avant qu'ils aient été dispersés aux Églises du monde, l'Église a été basée sur la Tradition sacrée.

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Les Pères de l'Église considèrent la Tradition sacrée comme le guide sûr dans l'interprétation des Saintes Écritures et absolument nécessaire pour comprendre les vérités qu'elles contiennent.

L'Église a reçu beaucoup de traditions des apôtres... La constitution des offices, particulièrement de la Divine Liturgie, les saints mystères eux-mêmes et la façon de les exécuter, certaines prières et d'autres institutions de l'Église remontent à la Tradition sacrée des apôtres.

Dans leurs canons, les saints Conciles tirent non seulement des Saintes Écritures, mais également de la Tradition sacrée comme d'une source pure. Ainsi, le septième Concile œcuménique dit dans le huitième décret : " Si quelqu'un viole n'importe quelle partie de la Tradition de l'Église, écrite ou non écrite, qu'il soit anathème. "

DÉCOUVRIR DIEU

Le cœur pur perçoit Dieu et le découvre, alors que le cœur fourbe ne le voit pas, même lorsqu’on l’indique.

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Il est évident que l'incroyance est un fruit mauvais d'un cœur mauvais ; le cœur pur et sans ruse découvre Dieu partout, le discerne partout, et croit toujours sans hésitation en son existence. Quand l'homme pur de cœur regarde le monde de la nature, c'est-à-dire, le ciel, la terre, et la mer et toutes choses en eux, et qu’il observe les systèmes les constituant, la multitude infinie d'étoiles dans le ciel, l'innombrable quantité d'oiseaux, de quadrupèdes et de toute espèce d'animal sur la terre, la variété des plantes, l'abondance des poissons de la mer, il est immédiatement stupéfié et clame avec le prophète David : Que tes œuvres sont grandes, Seigneur, toutes avec la sagesse tu les fis (Ps 103, 24). Un tel homme, poussé par son cœur pur, découvre Dieu également dans la grâce de l'Église, dont l'homme de mauvais cœur est éloigné. L'homme de cœur pur croit en l'Église, admire sa vie spirituelle, découvre Dieu dans les mystères, dans les hauteurs de la théologie, dans la lumière des révélations divines, dans les vérités des enseignements, dans les commandements de la loi, dans les accomplissements des saints, dans l'acte bon, dans chaque don parfait, et en général dans la totalité de la création. Juste donc la parole du Seigneur dans ses Béatitudes au sujet de ceux qui ont le cœur pur : Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu (Mt 5, 8).

LA CONNAISSANCE DE SOI

La connaissance de soi est le premier devoir de l’homme. L’homme, en tant qu’être raisonnable, jouissant de la liberté et étant religieux, est un être supérieur et il fut destiné à devenir comme Dieu, dans l’image duquel il a été créé, et un participant de la bonté et la sainteté divines. Mais afin de devenir semblable à Dieu, bon et saint et de communier avec Dieu, l'homme doit d'abord se connaître. Sans la connaissance de soi, l’homme s’égare dans ses pensées, il est dominé par diverses passions, il est tyrannisé par des violents désirs, il se préoccupe au sujet de beaucoup de choses vaines, et il mène une vie désordonnée et distraite, errant en toutes choses, chancelant à chaque pas, et il trébuche et chute et il est écrasé. Chaque jour il boit le breuvage de la douleur et de l'amertume, remplit son cœur de peine et d’amertume, et il vit une vie misérable.

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Celui qui ne se connaît pas lui-même ne connaît pas Dieu non plus. Et celui qui ne connaît pas Dieu ne connaît pas la vérité et la nature des choses en général... Celui qui ne se connaît pas lui-même pèche continuellement contre Dieu et s'éloigne continuellement plus loin de lui. Celui qui ne connaît pas la nature des choses et ce qu'elles sont vraiment en elles-mêmes est incapable de les évaluer selon leur vraie valeur et de distinguer entre ce qui est vil et ce qui est précieux, entre ce qui est sans valeur et l'objet de valeur. C'est pourquoi une telle personne s'épuise elle-même à la poursuite des choses vaines et insignifiantes, et est insouciante et indifférente aux choses éternelles et précieuses. L'homme doit désirer se connaître lui-même, connaître Dieu, et comprendre la nature des choses telles qu'elles sont en elles-mêmes, et devenir ainsi image et ressemblance à Dieu.

Celui qui se connaît connaît ses devoirs envers lui-même, envers Dieu, envers son prochain, et il sait que la piété, la justice, la vérité et la connaissance doivent être pour lui la mesure de tous ses actes, ceux qui concernent Dieu, son prochain et lui-même… Celui qui se connaît ne se vante point, ne s’enorgueillit point, mais avant toute chose il connaît ses propres faiblesses et ses fautes, il se compare constamment au prototype idéal, vers lequel il doit se diriger, étant conscient de la distance qu’il lui reste encore à parcourir.

L’HOMME

L'homme est un être composé, fait d'un corps terrestre et d'une âme céleste... L'âme est étroitement unie au corps, pourtant complètement indépendante de lui.

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L'existence et la rationalité de l'âme sont témoignées par la conscience, la conscience de soi-même, la perspicacité, l’observation de soi, les idées, les aspirations spirituelles, l’amour du beau, du bon, du vrai, du salutaire, l'aversion du mal, la distinction du bon et du mal et chaque autre activité spirituelle.

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L'homme est non seulement raison mais également cœur. Les puissances de ces deux centres, s'aidant mutuellement l'un l'autre, rendent l'homme parfait et lui enseignent ce qu'il ne pourrait jamais apprendre par la raison seule. Si la raison enseigne au sujet du monde naturel, le cœur nous enseigne au sujet du monde surnaturel... L'homme est parfait quand il a développé à la fois son cœur et son intellect ; le cœur est développé grâce à la religion révélée.

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L’homme fut créé un être religieux et social ; ces deux ( … ) sont les caractéristiques essentielles de l'homme et des vertus innées en lui. Sa sociabilité s'avère absolument nécessaire pour sa conservation, son développement et son avancement, alors que sa religiosité est une conséquence de sa rationalité, de son libre arbitre et de sa maîtrise de soi.

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Sans la religion, l’homme est un mystère incompréhensible. Son existence sur terre en tant qu’être raisonnable ayant un libre arbitre et un être autonome, est, sans religion, vide, parce que la raison sans principes moraux devient un moyen de corrompre l’image divine, un moyen de détruire le beau, le bon et le vrai. Sans religion, l'homme devient une puissance antagoniste, s'opposant à la volonté de Dieu et combattant les lois selon lesquelles l'univers est mené à un but préordonné.

L'IMMORTALITÉ DE L'ÂME

L'âme raisonnable de l'homme a des aspirations surnaturelles et infinies. Si l'âme raisonnable dépendait du corps et mourrait avec que le corps, elle devrait être nécessairement soumise au corps et le suivre dans tous ses appétits. L'indépendance aurait été contraire aux lois de la nature et à la raison, parce qu'elle dérange l'harmonie entre le corps et l'âme. En tant que dépendante du corps, elle devrait être soumise au corps et le suivre dans tous ses appétits et désirs, tandis que, au contraire, l'âme maîtrise le corps, impose sa volonté au corps. L'âme subjugue et limite les appétits et les passions du corps, et les dirige selon sa volonté. Ce phénomène vient à l'attention de chaque homme raisonnable ; et celui qui est conscient de sa propre âme raisonnable est conscient de la maîtrise de l'âme sur le corps.

La maîtrise de l'âme sur le corps est démontrée par l'obéissance du corps quand il est mené avec abnégation au sacrifice pour les idées abstraites de l'âme. La domination de l'âme pour la prédominance de ses principes, idées, et vues aurait été entièrement incompréhensible si l'âme mourrait avec que le corps. Mais une âme mortelle ne serait jamais élevée à une telle hauteur, ne se serait jamais condamnée elle-même à la mort avec le corps pour la prédominance d'idées abstraites qui manquent de signification, puisque aucune idée noble, aucune pensée noble et courageuse n'a de signification pour une âme mortelle. Une âme, donc, qui est capable de telles choses, doit être immortelle.

LA VIE APRÈS LA MORT

Les docteurs de l'Église orthodoxe, ayant les Écritures saintes pour fondement, enseignent que ceux qui meurent dans le Seigneur vont à un lieu de repos, selon le texte de l'Apocalypse : Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur ; dès maintenant, oui, dit l'Esprit, qu'ils se reposent de leurs fatigues, car leurs œuvres les accompagnent (Ap 14, 13). Cet endroit de repos est vu comme le Paradis spirituel, où les âmes de ceux qui sont morts dans le Seigneur, les âmes des justes, jouissent des bénédictions du repos, tout en attendant le jour de la récompense et du prix du saint appel de Dieu en Jésus Christ.

Au sujet des pécheurs, ils enseignent que leurs âmes descendent en Hadès, là où est souffrance, douleur et gémissement, attendant le jour redoutable du Jugement.

Les Pères de l'Église orthodoxe n'admettent pas l'existence d'un autre endroit, intermédiaire entre le Paradis et l'Hadès, puisqu'un tel lieu n'est pas mentionné dans les Écritures saintes.

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Le jugement partiel, auquel tous les hommes sont soumis après la mort, n’est nullement un jugement complet et final. C’est ainsi que tous attendent un autre jugement, qui lui sera complet et final. Au jugement partiel, seulement l'âme de l’homme reçoit sa rétribution, et non pas le corps, quoique le corps ait partagé avec l'âme ses actions, bonnes et mauvaises. Après le jugement partiel, les justes dans le ciel et les pécheurs dans l’Hadès ont seulement un avant-goût de la béatitude ou des punitions qu'elles méritent. Puis, après ce jugement partiel, certains pécheurs seront soulagés de la punition et libérés des souffrances de l’Hadès, non pas à cause de leurs propres actions, mais par la prière de l’Église.

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Leur séparation de Dieu est la plus douloureuse des souffrances des pécheurs, parce qu’ils sont privés de participation dans le Royaume du ciel, de la béatitude des justes, et ils sont jetés dans un état d’obscurité. En outre, ils éprouvent le remords de leur conscience, qui, étant réveillée contre leurs péchés, les tourmente sans cesse, comme le ver qui ne meurt pas (Mc 9, 44). Et ils sont en compagnie des esprits mauvais. On doit affirmer que les souffrances des pécheurs dans l’Hadès ne sont certainement pas identiques pour tous, mais sont proportionnées aux péchés de chacun, comme il est indiqué dans Luc 12, 47-48 (Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’aura rien tenu prêt et n’aurait pas agi selon cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Quant à celui, qui, sans la connaître, aura par sa conduite mérité des coups, il n’en recevra qu’un petit nombre).

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À la fin du jugement général, le Juste Juge déclarera la décision aux justes et aux pécheurs. Aux justes il dira : Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde ; tandis qu'aux pécheurs il dira : Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges (Mt 25, 34 et 41). Et ceux-ci partiront loin en l'Hadès éternel, alors que les justes iront à la Vie éternelle. Ce châtiment après le jugement général sera complet, final, et définitif. Il sera complet parce que ce n'est pas l'âme seule, comme au jugement partiel de l'homme après la mort, mais l'âme avec que le corps, qui recevra ce qui est mérité. Il sera final, parce qu'il sera durable et non provisoire comme au jugement partiel. Et il sera définitif, parce que pour le juste et pour les pécheurs il sera inaltérable et éternel.

LES SAINTS

Notre Église honore les saints non comme des dieux, mais en tant que serviteurs fidèles, en tant qu'hommes pieux et amis de Dieu. Elle loue les luttes dans lesquelles ils se sont engagés et les œuvres qu'ils ont accomplies pour la gloire de Dieu avec l'action de sa grâce, de telle manière que tout l'honneur que l’Église leur donne se rapporte à l'Être suprême, qui a vu leur vie sur terre avec satisfaction. L’Église les honore en les commémorant annuellement par des célébrations publiques et par la construction d'églises en l'honneur de leur nom.

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Les saints hommes de Dieu, qui ont été magnifiés sur terre par le Seigneur, ont été honorés par l'Église sainte de Dieu depuis le tout début où elle a été fondée par le Christ Sauveur.

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L’honneur rendu aux saints est dicté par un sentiment religieux élevé et par l’ardeur divine d’un cœur fidèle à Dieu et qui l’aime. C’est une manifestation de l’aspiration divine qui le remplit pour glorifier Dieu, qui lui, glorifie son Église militante. L'honneur rendu aux saints est une expression de l'amour des fidèles pour eux, considérant leurs vertus sublimes et leurs grandes luttes, par lesquelles ils ont reçu la couronne de gloire intarissable. L'honneur rendu aux saints est une confirmation de l'éros qui brûle dans notre âme pour monter à la hauteur de leurs vertus, qui demeurent comme exemples éternels pour nous. L'honneur rendu aux saints est un devoir moral à leur égard, pour les bienfaits qu’ils nous accordent. La négligence de rendre l’honneur et la vénération dus aux saints de Dieu est impiété, ingratitude et indifférence et indique un manque d'aspiration pour la perfection dans la vertu.

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Selon la Tradition orthodoxe, l’idée même de l’Église contient le dogme de l’intercession des saints. Ce dogme, universel dans l’Église primitive, était tenu dès les origines comme vérité certaine et a toujours été maintenu au cours des siècles.

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En invoquant l’intercession des saints, l’Église croit que les saints, qui sont intervenus avec le Seigneur pour la paix du monde et pour la stabilité des saintes Églises du Christ de leur vivant, ne cessent pas d’intercéder dans l’Église céleste et triomphante. Ils entendent les suppliques que nous leur adressons et ils prient le Seigneur, devenant des porteurs de la grâce et de la miséricorde du Seigneur.

LA REPENTANCE

Deux facteurs sont impliqués dans le salut de l'homme : la grâce de Dieu et la volonté de l'homme. Tous deux doivent fonctionner ensemble, pour que le salut soit atteint.

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La grâce n'est pas salutaire sans le consentement de l'homme. On doit retourner au Seigneur son Dieu et se repentir de ses péchés. La grâce ne descend pas sur celui qui est asservi au péché, parce qu'il n'y a aucune communion entre la lumière et l'obscurité. Afin de sauver l’homme, la grâce doit le trouver pur, car il ne s’agit pas seulement d’une question de livrer l’homme de l’esclavage du diable, mais aussi de la réconciliation avec Dieu, de la communion avec lui, de la déification de l’homme. Pour cette raison, le baptême de repentance (métanoïa) est nécessaire, ainsi que la pureté de vie et la préparation morale. Le libre consentement de l’homme est nécessaire, son mouvement spontané vers Dieu, sa volonté de retourner à Dieu, son entrée dans le bain de la régénération, afin d’être lavé, sanctifié et sauvé.

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La Pénitence est un Mystère par lequel celui que se repent de ses péchés les admet à un père spirituel nommé par l’Église, qui a reçu l'autorité pour pardonner les péchés. Il reçoit de ce père spirituel la remise de ses péchés et il est réconcilié avec Dieu, contre qui il a péché.

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La repentance est un bain qui lave les péchés. C'est un retour d'un état contraire à la nature à un état selon la nature, du diable à Dieu, par l’aspiration spirituelle et les efforts ardus. C'est un retour volontaire de l’offense à ce qui est bon, et à ce qui est contraire à l’offense.

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La repentance signifie regret, changement d'esprit. Les marques de distinction du repentir sont la contrition, les larmes, l’aversion envers le péché, et l’amour du bon.

LA VERTU

Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour l'acquisition de la vertu et de la sagesse morale (phronesis), car le prix est beau et l'espoir grand.

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La voie d'accès à la vertu est une voie d'effort et de labeur : Étroite est la porte et resserré le chemin qui mène la Vie, et il en est peu qui le trouve (Mt 7, 13-14) ; tandis que la porte du vice est large et la voie spacieuse, mais elles mènent à la perdition.

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La vertu est la réalisation de la loi divine. Basile le Grand écrit : " La vertu est l'action d'éviter le mal et de faire le bien ". Celui qui participe à la vraie vertu participe à rien d’autre qu’à Dieu lui-même, parce que Dieu est entièrement vertu. Basile écrit : " De toutes nos possessions, la vertu est la seule qui ne peut pas être enlevée ; la vertu demeure avec nous et dans cette vie et après la mort ".

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La foi, l’espoir et la charité sont les commandements essentiels que Jésus nous a enseignés. Elles sont les vertus fondamentales du christianisme, révélées au monde par Dieu. La foi est la source première de la vertu et de la force. L’espoir est consolation, soulagement, soutien de ceux qui peinent, les remontant de l’abîme du désespoir, et allégement de l’âme surchargée du poids des injustices du monde et des malheurs lourds et violents : Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai (Mt 11, 28). L’amour est le lien qui unifie la société et la fraternisation de toute l’humanité. C’est la fondation du bonheur des hommes ainsi que de toutes les vertus. C’est l’échelle qui élève l’homme à la perfection, le transformant en image et ressemblance à Dieu.

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L’amour de Dieu est connaissance de Dieu, car celui qui aime, aime ce qu’il connaît, et il est impossible d’aimer ce qui est inconnu. L'amour de Dieu exprime le désir d'être uni à lui en tant que suprême bonté.

L’EXERCICE SPIRITUEL

Le perfectionnement spirituel (pneumatike gymnasia) est une ascèse pour la piété. Il est le plus valable, ayant la promesse de la vie, de la vie présente comme de la vie future (1 Tm 4, 8). Les efforts faits pour acquérir la piété apportent la joie spirituelle.

Theophylaktos indique : " Entraînez-vous pour la piété, c'est-à-dire, pour la foi pure et la vie juste. Le perfectionnement et les efforts continuels sont nécessaires ; car celui qui s’entraîne s’exerce jusqu'à ce qu'il transpire, même lorsqu'il n'y a aucune compétition. "

Le jeûne, les épreuves et l’ascèse en général constitue l’entraînement spirituel.

L’entraînement habitue chacun à être clément, tempéré, maître de sa colère, soumettant ses désirs, effectuant des actes de charité, montrant l'amour pour ses proches, pratiquant la vertu. Le perfectionnement est une ascèse vertueuse, rendant la façon de vivre admirable.

L'ascèse est pratique, méditation, perfectionnement, maîtrise de soi, amour du travail.

LE JEÛNE

Le jeûne est une ordonnance de l'Église, obligeant le chrétien à l'observer à des jours spécifiques. Concernant le jeûne, notre Sauveur enseigne : Quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, pour que ton jeûne soit connu, non des hommes, mais de ton Père qui est là, dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra (Mt 6, 17-18). De ce que le Sauveur enseigne nous apprenons que le jeûne est agréable à Dieu, et que celui qui jeûne pour élever son esprit et son cœur vers Dieu sera récompensé par Dieu, un très généreux donateur des dons divins, pour sa dévotion.

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Dans le Nouveau Testament le jeûne est recommandé comme moyen de préparer l'esprit et le cœur pour le culte divin, pour la longue prière, pour s'élever du terrestre, et pour la spiritualisation.

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Le but principal du jeûne est spirituel : afin de fournir une possibilité et une préparation pour les efforts spirituels de prière et de méditation sur le Divin, par l'abstinence complète de nourriture, ou la consommation d'une nourriture crue ou simple. Cependant, le jeûne n'est aucunement moins bénéfique pour la santé physique, puisque la maîtrise de soi et la simplicité de vie sont des conditions nécessaires de santé et de longévité.

L’ATTENTION INTÉRIEURE

L'attention est le premier enseignant de la vérité et par conséquent absolument nécessaire. L'attention éveille l'âme à l'étude d'elle-même et de ses désirs, pour apprendre leur vrai caractère et repousser ceux qui ne sont pas salutaires. L'attention est l'ange gardien de l'intellect, et le conseille toujours ainsi : sois attentif. L'attention réveille l'âme, l'éveille du sommeil... L'attention examine chaque pensée, chaque désir, chaque mémoire. Pensées, désirs et mémoires sont engendrés par diverses causes, et apparaissent souvent masqués et en habit splendide, afin de tromper l'intellect inattentif et entrer dans l'âme et la dominer. Seulement l'attention peut révéler leur forme cachée. Souvent leur dissimulation est si parfaite que le discernement de leur vraie nature est très difficile et exige la plus grande attention. On doit se rappeler les mots de salut du Seigneur : Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation (Mt 26, 41). Celui qui est pleinement éveillé n'entre pas dans la tentation, parce qu'il est vigilant et attentif.

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L'attention dirige les pensées. L'attention indique ce qui doit être fait. L'attention mène à la vertu ; l'attention protège le caractère ; l'attention est le seul guide sûr dans la vie ; l'attention mène à la béatitude ; alors que le manque d'attention mène au malheur. Observez-vous et vous n'échouerez pas dans la vie. Paul dit : Prenez bien garde à votre conduite ; qu’elle soit celle non d’insensés mais de sages, qui tirent bon parti de la période présente ; car nos temps sont mauvais (Ép 5, 15-16).

LA PRIÈRE

La vraie prière est sans distraction, prolongée, exécutée avec un cœur contrit et un intellect alerte. Le véhicule de la prière est toujours l'humilité et la prière est une manifestation de l'humilité. Pour être conscients de notre propre faiblesse, nous invoquons la puissance de Dieu.

La prière unit chacun à Dieu, étant une conversation divine et une communion spirituelle avec l'Être qui est le plus beau et le plus élevé.

La prière est l’oublie des choses terrestres, une montée vers le ciel. Par la prière nous fuyons vers Dieu.

La prière est vraiment une armure céleste et elle seule peut garder ceux qui se sont consacrés à Dieu. La prière est la médecine commune pour nous purifier des passions, pour chercher protection contre le péché et guérir nos défauts. La prière est un trésor inépuisable, un port calme, la base de la sérénité, la racine et la mère de myriades de bénédictions.

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Chaque chrétien doit savoir que s'il n’élève pas son esprit et son cœur vers Dieu par le jeûne – le jeûne chrétien et non pas pharisaïque – et par la prière, il ne peut pas atteindre une conscience profonde de son état de pécheur, ni rechercher sincèrement la rémission de ses péchés. Il faut savoir que nous connaissons notre péché seulement dans la mesure où nous sommes illuminés d’en haut, que nous sommes illuminés d’en haut dans la mesure où notre esprit et notre cœur s’élèvent vers Dieu, et que nous nous élevons au fur et à mesure que l’âme s’allège par le jeûne et la prière. La prière et le jeûne sont des moyens de connaissance de soi, de discernement de notre véritable état moral, d'une appréciation précise de nos péchés, et d'une connaissance de leur caractère véritable. Sans le jeûne et la prière nous manquons de moyens d’acquérir cette connaissance et nous ne pouvons pas avoir une image exacte de nos péchés, ni une conscience parfaite d'eux, ni la contrition du cœur, ni, par conséquent, une confession véridique et fructueuse. Puisque le jeûne chrétien et la prière sont la seule voie de préparation pour une confession véridique, nous devons observer avec diligence ces décrets de l’Église, afin de ne pas échouer à notre but, mais de réussir dans l’atteinte du suprême bon vers lequel nous aspirons.

LA SAINTE COMMUNION

Le Mystère de la Divine Eucharistie qui a été transmis par le Seigneur est le plus élevé de tous les Mystères ; il est le plus merveilleux de tous les miracles que la puissance de Dieu a accomplis ; il est le plus élevé que la sagesse de Dieu a conçu ; il est le plus précieux de tous les dons que l'amour de Dieu a accordés aux hommes. Tous les autres miracles résultent de la transcendance de certaines lois de la nature, mais le Mystère de l'Eucharistie Divine dépasse toutes ces lois. Par conséquent, il peut être appeler avec justesse, et être vu comme étant, le Miracle des miracles et le Mystère des mystères.

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Veux-tu participer aux bénédictions conférées par la divine communion ? Veux-tu ton salut ? Devient un vrai chrétien, aie la crainte de Dieu, la foi dans le Mystère de la divine communion et l’amour pour Dieu et pour ton prochain.

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Ceux qui reçoivent la Sainte Communion dignement sont gratifiés non seulement du salut, mais également de beaucoup d'autres dons, par lesquels l’homme devient l’image et la ressemblance à Dieu. Par la Divine Communion nous sommes unis à Dieu et nous entrons en relation et en contact avec lui. Par une telle union nous recevons les dons de l'Esprit Saint : l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la foi, l’humilité, la maîtrise de soi, et beaucoup d'autres vertus. Les yeux de notre âme sont ouverts, l'esprit est illuminé et le cœur est purifié. La Divine Communion guérit le cœur et le corps malades de ceux qui l'approchent avec foi. Souvent la Communion préserve notre la vie, nous sauve du danger et a beaucoup d'autres effets merveilleux.

L'Église proclame à haute voix à ceux qui sont prêts à participer à la Sainte Communion des paroles divinement inspirées : " Avec crainte de Dieu, foi et amour, approchez ! ". Et en effet, qui est-il celui qui est exempt de crainte de Dieu, de foi et d'amour qui peut être considéré digne de communier ?

Ô comment heureux et béni doit être considéré celui qui reçoit les Mystères divins dignement ! Une telle personne sort de l’église entièrement renouvelée, parce que le feu de la Déité, pénétrant dans l’âme de l’homme par la Divine Communion, brûle ses péchés, la remplit de la grâce divine, renforce ses puissances, illumine son esprit, et fait du cœur un tabernacle uniquement du Saint Esprit.


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Saint Nectaire d'Égine - Synaxaire, 8 novembre

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Dernière mise à jour : 17-10-01