Vie spirituelle

L'Amour dans le Bouddhisme, l'Hindouisme, et l'Islam

Le Buisson Ardent

Amour divin - Amour humain


Khrishna et Radhu


Krishna et Radhu (hindouisme)
aquarelle de sainte Marie de Paris


 

Textes choisis


LE MISÉRICORDIEUX - Le Coran (Islam)
LE SEIGNEUR DE LA COMPASSION - Méditation de Tchenrézi (Bouddhisme)
LA VOIE DE L’AMOUR - Djalâl-od-Dîn Rûmî (Islam)
LE CHEMIN DE L’AMOUR par swâmi Vivekânanda (Hindouisme)

LE TRÉSOR CACHÉ par Ibn Arabi (Islam)
SÛTRAS DE L’AMOUR DIVIN par Nârada (Hindouisme)

JE T’AI APPELÉ par Ibn Arabi (Islam)

LE MISÉRICORDIEUX

Au Nom de Dieu, le tout Miséricorde, 
le Miséricordieux
Louange à Dieu, Seigneur des univers
le Tout miséricorde, le Miséricordieux
le Roi du jour de l’allégeance.
C’est toi que nous adorons,
Toi de qui le secours implorons.
Guide-nous sur la voie de rectitude
la voie de ceux que tu as gratifiés,
non pas celle des réprouvés,
non plus que de ceux qui s’égarent.

Le Coran, Sourate 1, « Ouverture »,
Éditions Sindbad, 1990.


LE SEIGNEUR DE LA COMPASSION

Méditation de Tchenrézi

Jusqu’à l’éveil, je prends refuge
En le Bouddha, le dharma et la sangha sublime.
Par le mérite engendré par ma pratique du don
et des autres perfections,
Puissé-je réaliser l’éveil pour le bien des êtres.
Au-dessus de moi et de tous les êtres de l’univers :
Un lotus blanc et un disque de lune.
Sur eux la lettre HRI d’où apparaît le noble Tchenrézi.
Son corps clair et blanc émet des rayons
de cinq couleurs ;
Il sourit et nous regarde avec compassion.

De ses quatre mains, les deux premières sont jointes,
Des deux autres, la droite tient un rosaire de cristal,
la gauche un lotus blanc.
Soies et joyaux le parent,
Une peau de biche couvre son épaule,
Le Bouddha de Lumière infinie couronne sa tête.
Il est assis dans la posture adamantine,
Devant un disque de lune immaculée.
Il réunit l’essence de tous les refuges.

Seigneur au corps blanc que n’entache nul défaut
De votre tête, le parfait Bouddha est l’ornement.
Sur les êtres vous portez un regard compatissant,
Devant vous, Tchenrézi, je m’incline.

À la suite de cette prière sans distraction,
Le corps du noble Tchenrézi produit de la lumière :
Elle dissipe les apparences karmiques impures et
la compréhension erronée.
Le monde extérieur devient le Champ de béatitude,
Le corps, la parole et l’esprit des êtres
Deviennent le corps, la parole et l’esprit 
du Seigneur Tchenrézi.
Les apparences, les sons et les cognitions
sont unis à la vacuité.

OM MANI PÉMÉ HOUNG

Mon corps et celui des autres sont 
le corps de Tchenrézi,
Les sons émis sont la mélodie des six syllabes,
L’activité mentale est le domaine de la grande sagesse.
Par le mérite de cette méditation et de cette récitation,
Puissions-nous, moi-même et ceux qui me sont liés,
Dès que nous aurons laissé ce corps impur,
Renaître miraculeusement dans le Champs de béatitude,
Puis, dès après cette renaissance, 
parcourir les dix terres,
Et, par émanations, faire le bien des êtres 
dans les dix directions.

Bokar Rimpotché, Tchenrézi : 
Nature de la divinité, 
Claire Lumière, 1990.


LA VOIE DE L’AMOUR

par Djalâl-od-Dîn Rûmî

L’amour est ce qui donne la joie aux créatures
L’amour est ce qui cause la joie infinie.
Ce n’est pas la mère qui nous donna la vie, 
c’est l’amour.
A cette mère, cent louanges et miséricordes !

* * *

La voie de l’amour est un mystère, 
il n’y est point de querelle
Il n’y a là d’autres qualités que le sens profond.
Il n’est point permis à l’amoureux de discuter
C’est de non-existence qu’il s’agit, 
et non pas d’existence.

* * *

Je possède un amour plus pur que l’eau limpide.
Un tel amour est licite pour moi.
L’amour des autres toujours est changeant,
Mon amour et mon Bien-Aimé à moi sont éternels.

* * *

C’est l’amour qui détient la pierre philosophale
de la lumière
C’est un nuage porteur de cent mille éclairs.
Dans le secret de mon être, se trouve 
la mer de sa gloire :
Toutes les créatures sont noyées dans cette mer.

* * *

Le cœur de l’homme est une chandelle 
prête à se consumer
La déchirure due à la séparation 
d’avec le Bien-Aimé est prête à coudre.
Ô toi qui ignores la patience et la brûlure
L’amour est une chose qui doit venir, 
on ne peut l’apprendre.
L’amour est venu et il est comme le sang 
dans mes veines et ma peau
Il m’a anéanti et m’a rempli du Bien-Aimé.
Le Bien-Aimé a pénétré dans toutes les parcelles 
de mon corps
De moi ne reste plus qu’un nom, tout le reste est lui.

* * *

Un amour est venu, qui a éclipsé tous les amours.
Je me suis consumé, et mes cendres sont devenues vie.
De nouveau, mes cendres par désir de ta brûlure
Sont revenues et ont revêtu mille nouveaux visages.

* * *

Bien que dans l’amour il faille avancer pas à pas,
Seul est un pas véritable celui qui vient de l’éternité.
Dans la demeure de la non-existence, 
on peut avoir beaucoup d’existences.
Ouvre les yeux : partout est la non-existence.

* * *

Ô toi dont l’amour est l’essence 
du monde de l’émerveillement
Ce qu’apporte ton amour, c’est le bouleversement
Combien de temps m’interrogeras-tu 
sur l’état de mon cœur brûlé
Alors que, tu le sais bien, 
tu le connais mieux que moi-même.

* * *

Au moment où mon essence se transformera 
en océan universel
La beauté des atomes sera pour moi lumineuse.
C’est pourquoi je brûle comme la chandelle, 
afin que, dans la voie de l’amour,
Tous les instants pour moi deviennent un seul instant.

* * *

Je suis amoureux de l’amour 
et l’amour est amoureux de moi.
Le corps est amoureux de l’âme, 
et l’âme amoureuse du corps.
Parfois je tends les deux mains vers son cou,
Parfois il tire, comme les belles, le pan de ma robe.

* * *

Si tu es amoureux, reste près de l’amoureux,
Jour et nuit, reste dans le cercle des amoureux.
Alors, quand tu auras trouvé ce cercle,
Laisse le monde, et demeure 
auprès du Créateur du monde.

Djalâl-od-Dîn Rûmî, Rubâi’yat,
Albin Michel, 1987.


LE CHEMIN DE L’AMOUR

par swâmi Vivekânanda

Le bhakti-yoga est la recherche véritable et sincère du Seigneur, une recherche qui commence, continue et se termine dans l’amour. Un seul instant de folie d’amour intense pour Dieu nous apporte la liberté éternelle. « Bhakti, nous dit Nârada dans les Bhakti-sûtras, est un amour intense pour Dieu ». « Quand un homme parvient à cet amour, il aime tout et ne hait rien ; il est satisfait à jamais » ; « Cet amour ne peut être réduit à aucun intérêt mondain », parce que tant que subsistent les désirs de ce monde, cet amour ne peut exister en nous.

« Le bhakti-yoga est plus grand que le karma(-yoga), plus grand que le (râja-)yoga, parce que ceux-ci visent un but, alors que la bhakti est son propre fruit, son propre moyen, et son propre but. » [...] Il n’y a pas autant de différence entre la connaissance (jnâna-yoga) et l’amour (bhakti-yoga) qu’on ne l’y imagine parfois... Finalement ils convergent et se rencontrent au même point. Il en est de même du râja-yoga, qui, suivi comme moyen de libération..., nous amène également au même objectif. [...]

La meilleur définition du bhakti-yoga est peut-être celle de cette strophe : " Que cet amour constant que vouent les personnes sans discrimination aux objets éphémères de la vie des sens, soit celui aussi qui ne quitte jamais mon cœur, mon cœur qui te cherche ! " (Vishnu Purâna). Nous pouvons voir quel amour fou que les hommes sans discernement peuvent accorder aux objets des sens, l’argent, les vêtements, leurs femmes, enfants, amis et possessions. Quel attachement intense ils ont pour toutes ces choses ! C’est ainsi que le sage nous dit dans la prière citée : " Que je n’éprouve cet attachement, ce désir intense, que pour toi ! " Cet amour, dirigé vers Dieu, s’appelle bhakti. La bhakti n’est pas destructrice ; elle nous apprend qu’aucune de nos facultés ne nous a été donnée en vain, que c’est par elles que nous atteignons naturellement la libération. La bhakti ne tue pas nos tendances, elle ne va pas à l’encontre de notre nature, mais lui donne une orientation supérieure et plus puissante. Qu’il est naturel d’aimer les objets des sens ! Nous ne pouvons pas nous en empêcher, car ils sont tellement vrais pour nous. Nous ne voyons normalement rien de vrai dans les choses supérieures, mais lorsqu’un homme a perçu quelque chose de vrai au-delà des sens, au-delà de l’univers sensible, il peut avoir un désir ardent ; mais cette aspiration doit être dirigé vers le supra-sensible, qui est Dieu. Et quand ce même amour qui auparavant était dirigé vers les objets des sens est tourné vers Dieu, il s’appelle bhakti. [...]

Le bhakti-yoga nous apprend comment aimer sans arrière-pensées, comment aimer Dieu et aimer ce qui est bien parce que c’est juste et non pas pour aller au ciel, ou pour avoir des enfants, ou la richesse ou toute autre chose. Il nous apprend que l’amour lui-même est la plus belle récompense de l’amour : que Dieu lui-même est l’amour. Il nous apprend à rendre hommage à Dieu dans tous ses attributs : le Créateur, l’Omniprésent, l’Omniscient, le Souverain Tout-Puissant, le Père et la Mère. La louange suprême qui peut exprimer Dieu, la conception la plus élevée que l’esprit humain peut avoir de lui, est qu’il est le Dieu de l’amour. Là où il y a l’amour, c’est lui : " Où qu’il y ait de l’amour, le Seigneur y est présent. " Lorsque le mari embrasse sa femme, il est là dans le baiser ; lorsque la mère embrasse l’enfant, il est là dans le baiser ; lorsque deux amis se donnent la main, lui, le Seigneur, est présent comme le Dieu de l’amour. Lorsqu’un grand homme aime et veut aider l’humanité, le Seigneur est là à répandre sa générosité sans mesure de par son amour pour l’humanité. Là où s’ouvre le cœur, là il est manifesté. Voilà ce qu’enseigne le bhakti-yoga.

Swâmi Vivekânanda, « Conférences 
sur le bhakti-yoga ». Traduit de l'anglais.
Source : The Complete Works of Swami Vive-
kananda,
 III, Advaita Ashrama, Calcutta, 1991.


LE TRÉSOR CACHÉ

par Ibn Arabi

Dans l’amour divin, Dieu nous aime pour nous et pour lui-même. L’amour qu’il nous porte pour lui-même est fondé sur ce hadîth saint : « J’étais un trésor (caché) et je n’étais pas connu. Or, j’ai aimé être connu. Je créai donc les créatures afin que je me fasse connaître à elles. Alors elles me connurent. » Il ressort de cette nouvelle que Dieu nous a créés pour lui-même afin que nous le connaissions. Le verset suivant trouve ici son application : Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils m’adorent (Coran, 51). En conséquence, il nous a créés pour lui seul.

L’amour que Dieu a pour nous est exprimé à travers l’enseignement qu’il nous donne de nous comporter adéquatement pour parvenir à la félicité en nous préservant des agissements non conformes à notre finalité et à notre nature.

Dieu – gloire à lui – a produit les créatures afin qu’elles le glorifient. Il les a destinées à prononcer sa gloire et sa louange et à se prosterner devant lui. C’est ainsi que nous arrivons à le connaître. Voici comment il en parle : Les sept cieux et la terre célèbrent sa gloire ainsi que tout ce qui s’y trouve. Il n’y aucune chose qui ne le glorifie par sa louange (Coran, 17). Devant sa réalité propre et ce qu’il produit, la louange lui revient donc. [...]

Quant à l’amour que Dieu nous porte pour nous-mêmes, il nous l’a fait connaître pour notre bien en cette vie et dans l’autre. Il nous a prodigué les preuves de sa science pour que nous le connaissions et non pour que nous l’ignorions. Il nous accorde aussi la subsistance et nous comble de faveurs, bien que nous y soyons inattentifs malgré la science que nous en avons et l’information que nous détenons que tous les bienfaits qui nous poussent à agir viennent de son seul acte créateur et doivent lui être attribués. Ajoutons que Dieu a dispensé ces largesses pour nous seuls afin que nous en tirions profit et que nous nous comportions en conséquence sans que nous soyons préoccupés pour garantir la tranquillité d’âme.

Pourtant, devant tous ces bienfaits dont nous sommes comblés, nous ne lui sommes pas reconnaissants, bien que la raison doive nous obliger à remercier celui-là même qui nous en a gratifiés et bien que nous sachions que Dieu seul est le bienfaiteur. [...]

L’amour que Dieu a pour ses serviteurs ne comporte ni origine ni finalité, car il n’est pas destiné à recevoir les réalités contingentes et accidentelles. De la sorte, l’amour qu’il prodigue à ses serviteurs, du premier au dernier, selon un processus sans fin, est dans son essence le principe même de leur être. C’est pourquoi l’amour que Dieu a pour eux est en rapport intime avec son Être qui reste indissociable d’eux, quelle que soit leur condition virtuelle ou actuelle, car Dieu est avec eux dans leur condition d’être actuelle comme il l’est dans leur condition d’être virtuelle, étant donné qu’ils sont connus de lui qui les contemple et les aime sans cesse. Aucun principe nouveau que Dieu ne possède déjà ne peut lui être attribué. Plus même ! Dieu n’a jamais cessé de les aimer comme il n’a jamais cessé de les connaître en sorte que, dans la parole divine suivante prononcée par le Prophète : « ...j’ai aimé être connu... », Dieu nous fait connaître comment le processus amoureux de création intervient en soi tel qu’il convient à la divine Majesté, Dieu ne pouvant être appréhendé par l’intelligence que comme agent et créateur.

Ibn Arabi, Traité d’amour, IV,
Albin Michel, 1986.


SÛTRAS DE L’AMOUR DIVIN

par Nârada

Voici la voie de bhakti, la voie de la piété, de l’amour de Dieu. Le bhakti, c’est l’amour intense pour Dieu, c’est la nectar de l’immortalité, la conscience de notre nature éternelle. Ceux qui sont parvenus à cette amour suprême sont parfaits, immortels, accomplis ; ils ont franchi le désir, la douleur, la haine, la gaieté, l’égoïsme. Baignés dans l’amour divin, ils connaissent la joie profonde, le silence intérieur et la réalisation du Soi.

Le bhakti n’est pas du ressort du désir égoïste, mais du renoncement au désir ; ce renoncement est manifesté en consacrant à Dieu ses activités séculières et religieuses, en se dévouant profondément et totalement à lui, et en abandonnant tout ce qui éloigne de lui. Ainsi abandonne tout ce qui s’oppose au Seigneur et accomplis plutôt les actes profanes et sacrés qui favorisent la piété. Observe les prescriptions des Écritures même après le progrès spirituel : sinon, tu risques de perdre tout ce que tu as accompli. [...]

L’amour de Dieu s’exprime en différentes formes : selon le disciple de Parasara, le bhakti c’est la ferveur dans l’adoration ; selon le sage Garga, c’est chanter les louanges de la gloire et la splendeur divines ; et selon le sage Sandilya, le bhakti se trouve dans la jouissance du Soi véritable. Mais le sage Nârada pense que la consécration totale de toutes ses actions au service de Dieu constitue le bhakti, et le chagrin profond si Dieu est oublié.

Les sages anciens enseignèrent les façons d’encourager le bhakti. L’amour de Dieu se réalise par le renoncement des objets des sens, le détachement du monde, l’adoration incessante du Seigneur, l’écoute et la récitation des splendeurs du Seigneur, même dans la vie de tous les jours : mais les voies les plus sûres sont la grâce des Saints qui ont réalisés l’amour divin, et le don, aussi infime qu’il soit, de la grâce divine elle-même. La connaissance des Saints s’avère difficile, mais lorsqu’on les atteint, leur regard est profond et toujours efficace. C’est la grâce divine qui permet de connaître ces Grands Âmes. Entre Dieu et son vrai dévot, il n’y a point de distinction : cultive donc l’amour de Dieu, l’amour de Dieu seul.

L’amour de Dieu est un, mais multiples sont ses formes : la glorification des qualités et attributs divins, l’exaltation de sa beauté, l’adoration, le constante souvenance, le service par amour, l’amour tel celui d’un ami, d’un enfant, d’une épouse, l’abandon à la volonté divine, l’immersion absolue en lui, l’angoisse d’être séparé de lui.

Quel est celui qui traverse le monde des illusions ? Celui qui a renoncé aux attaches au désir ; celui qui cherche les Grands Âmes et se met à leur service ; celui qui a renoncé même à son ego, qui désire se retirer du monde et extirpe les liens à ce monde ; celui qui surpasse les trois qualités essentielles des phénomènes (les guna) et qui quitte ses sécurités fondées sur les seules possessions ; celui lui qui renonce aux fruits de ses actions, consacrant ses activités à Dieu, se libérant ainsi du dualisme, renonçant même aux injonctions des Védas afin de se livrer entièrement et perpétuellement à l’amour de Dieu ; c’est lui qui traverse le monde des illusions, l’océan du samsâra ; et c’est lui qui en conduit d’autres avec lui.

Les mots ne peuvent exprimer la nature essentielle de l’amour divin ; il ressemble au plaisir d’une caresse pour un muet, cet amour qui se manifeste à ceux qui en sont dignes. Cet amour surpasse tout ce qui peut être écrit ; au-delà du désir, il s’agrandit sans cesse, il est plus subtil que le subtil ; on ne peut le connaître qu’en l’expérimentant. Le dévot qui s’en réjouit ne perçoit rien, ne voit rien, n’évoque rien, ne pense à rien, sauf à son Dieu seul. [...]

Cherche avec patience la libération de la douleur, du plaisir, du désir, et du gain ; ne gaspille pas même la moitié d’un instant, mais cultive la non-violence, la vérité, la pureté, la compassion, la foi dans le Seigneur et la vie spirituelle. Le Seigneur et lui seul devrait être adoré, en tout temps, en chaque geste, sans hésitation.

Dieu se révélera sûrement à ceux qui l’invoquent ; il remplira de sa présence divine ceux qui lui sont passionnés. Seul l’amour de Dieu est la plus haute vérité : jadis, maintenant et à jamais.

Ainsi enseignent tous les maîtres du bhakti, la voie de l’amour divin. Celui qui accepte cet enseignement sublime de Nârada et le met en pratique, celui-là sera certainement comblé de l’amour de Dieu, et il trouvera et atteindra le Seigneur Bien-Aimé.

Nârada, Bhakti-Sûtras
Traduit et adapté de l'anglais. Source : I.K. Taimni,
Self-Realization through Love, Madras, 1975.


JE T’AI APPELÉ

par Ibn Arabi

Bien-aimé, tant de fois t’ai-je appelé,
et tu ne m’as pas entendu !
Tant de fois me suis-je à toi montré
et tu ne m’as pas vu !
Tant de fois me suis-je fait douces effluves,
et tu n’as pas senti, 
nourriture savoureuse, et tu n’as pas goûté.
Pourquoi ne peux-tu m’atteindre
à travers les objets que tu palpes ?
Ou me respirer à travers les senteurs ?
Pourquoi ne me vois-tu pas ?
Pourquoi ne m’entends-tu pas ?
Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Pour toi mes délices surpassent
toutes les autres délices,
et le plaisir que je te procure
dépasse tous les autres plaisirs.
Pour toi je suis préférable à tous les autres biens.
Je suis la Beauté, je suis la Grâce.
Bien-Aimé, aime-moi,
aime-moi seul, aime-moi d’amour.
Nul n’est plus intime que moi.
Les autres t’aiment pour eux-mêmes ;
Moi je t’aime pour toi,
et toi tu t’enfuis loin de moi.
Bien-Aimé, tu ne peut me traiter avec équité,
car si tu te rapproches de moi,
c’est parce que je me suis rapproché de toi.
Je suis plus près de toi que toi-même,
que ton âme, que ton souffle.

Ibn Arabi, La sagesse des prophètes,
Albin Michel, 1974.


 Amour divin - Amour humain : Introduction

 


Dernière modification: 
Jeudi 21 juillet 2022