6 août
TROPAIRE
KONDAKION
VÊPRES DE LA TRANSFIGURATION
ÉVANGILE DES MATINES
À LA LITURGIE DE LA FÊTE :
ANTIENNES
ENTRÉE ET PROKIMENON
ÉPÎTRE ET ALLÉLUIA
ÉVANGILE
MÉGALINAIRE ET COMMUNION
MÉDITATION SUR LA FÊTE
NOTES
BIBLIOGRAPHIE
Tu t'es transfiguré sur la montagne, ô Christ notre
Dieu,
laissant tes disciples
contempler ta gloire autant qu'ils le pouvaient :
fais briller aussi sur les pécheurs que nous sommes
ton éternelle clarté,
par les prières de la Mère de Dieu.
Source de lumière, gloire à toi.
Sur la montagne tu t'es transfiguré
et tes disciples contemplèrent ta gloire, ô Christ notre Dieu,
pour autant qu'ils le pouvait,
afin qu'en te voyant sur la croix
ils comprennent que ta Passion était voulue
et proclament à la face du monde
que tu es en vérité le reflet
de la splendeur et de la gloire du Père.
ÉVANGILE
DES MATINES
(Luc 9, 28-36)
Or il advint, huit jours après ces discours, que Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il monta à la montagne pour prier ; et pendant quil priait, laspect de son visage changea et son vêtement et son vêtement prit une couleur étincelante ; et voici, deux hommes sentretenaient avec lui : cétaient Moïse et Élie : ils étaient apparus dans la gloire et parlait de son exode, qui devait avoir lieu à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil, mais, restant éveillés, ils virent sa gloire et les deux hommes se tenant avec lui.
Or il advint, comme ils se séparaient de lui, que Pierre dit à Jésus : " Maître, cest bien pour nous dêtre ici : faisons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. " Il ne savait plus ce quil disait. Comme il parlait ainsi, survint une nuée qui les enveloppa dans son ombre : or ils furent saisi de crainte quand ils pénétrèrent sous la nuée. Et une voix vint de la nuée, disant : " Celui-ci est mon Fils, mon Élu, écoutez-le ! " Et au moment où la voix retentit, Jésus se trouvait seul. Et ils gardèrent le silence : ils ne racontèrent à personne en ces jours-là de ce quils avaient vu.
À LA LITURGIE DE LA FÊTE
PREMIÈRE ANTIENNE
Grand est le Seigneur et louable
hautement,
dans la cité de notre Dieu, sur sa sainte montagne.
Refrain : Par les prières de
la Mère de Dieu,
ô Sauveur, sauve-nous.
Toi qui maintiens les montagnes par ta
force,
qui te ceins de puissance. (Refrain)
Revêtu de splendeur et de majesté,
drapé de lumière comme d'un manteau. (Refrain)
Que les montagnes crient de joie à la
face du seigneur,
car il vient juger la terre. (Refrain)
Gloire au Père... Maintenant... (Refrain)
DEUXIÈME ANTIENNE
Le Seigneur aime la ville
qu'il a fondée sur les saintes montagnes.
Refrain : Sauve-nous, ô Fils
de Dieu,
transfiguré sur le Thabor,
nous qui te chantons, alléluia.
Il préfère les portes de Sion
à tous les tabernacles du Jacob. (Refrain)
Qui parle te toi te glorifie,
cité de Dieu. (Refrain)
Gloire au Père... Maintenant...
Fils unique et Verbe de Dieu...
TROISIÈME ANTIENNE
Ta miséricorde, Seigneur,
à jamais je la chante,
d'âge en âge ma bouche annonce ta fidélité.
Refrain (le Tropaire):
Tu t'es transfiguré sur la montagne, ô Christ notre Dieu,
laissant tes disciples
contempler ta gloire autant qu'ils le pouvaient :
fais briller aussi sur les pécheurs que nous sommes
ton éternelle clarté,
par les prières de la Mère de Dieu.
Source de lumière, gloire à toi.
Les cieux rendent grâce
pour les merveilles, Seigneur,
pour ta fidélité dans l'assemblée des saints. (Refrain)
Heureux le peuple qui connaît des cris
de joie :
à la clarté de ton visage,
Seigneur, ils marcheront en jubilant. (Refrain)
CHANT D'ENTRÉE
En toi, Seigneur, est la source de la
vie,
dans ta lumière nous verrons la lumière.
Sauve-nous, ô Fils de Dieu,
transfiguré sur le Thabor,
nous qui te chantons, alléluia.
PROKIMENON, t. 4
Que tes oeuvres sont grandes, Seigneur,
toutes avec sagesse tu les fis.
Verset : Bénis le Seigneur, ô
mon âme,
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
ÉPÎTRE (1 Pierre 1, 10-19)
Ayez donc d'autant plus de zèle, frères, pour affermir votre vocation et votre élection. Ce faisant, pas de danger que vous tombiez jamais. Car c'est ainsi que vous sera largement accordée par surcroît l'entrée dans le Royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. C'est pourquoi je vous rappellerai toujours ces choses, bien que vous les sachiez et soyez affermis dans la présente vérité. Je crois juste, tant que je suis dans cette tente, de vous tenir en éveil par mes rappels, sachant, comme d'ailleurs notre Seigneur Jésus Christ me l'a manifesté, que l'abandon de ma tente est proche. Mais j'emploierai mon zèle à ce qu'en toute occasion, après mon départ, vous puissiez vous remettre ces choses en mémoire. Car ce n'est pas en suivant des fables sophistiquées que nous vous avons fait connaître la puissance et l'Avènement de notre Seigneur Jésus Christ, mais après avoir été témoins oculaires de sa majesté. Il reçut en effet de Dieu le Père honneur et gloire, lorsque la Gloire pleine de majesté lui transmit une telle parole : " Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur. " Cette voix, nous, nous l'avons entendue ; elle venait du Ciel, nous étions avec lui sur la montagne sainte. Ainsi nous tenons plus ferme la parole prophétique : vous faites bien de la regarder, comme une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour commence à poindre et que l'astre du matin se lève dans vos curs.ALLÉLUIA, t. 8
À toi le ciel, à toi aussi la terre ;
le monde et son contenu, c'est toi qui les fondas.
Verset : Heureux le peuple qui
connaît les cris de joie :
à la clarté de ton visage, Seigneur, ils marcheront.
Six jours après, Jésus, prenant avec lui Pierre, Jacques et son frère Jean, les fit monter sur une haute montagne, à l'écart. Et il fut transfiguré devant eux, et son visage resplendit comme le soleil et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. Et voici Moïse et Élie leur apparurent s'entretenant avec lui.
Prenant la parole Pierre dit à Jésus : "Seigneur, il est bon pour nous d'être ici, si tu veux, je vais bâtir trois tentes : une tente pour toi, une pour Moïse et une pour Élie." Il parlait encore lorsqu'une nuée lumineuse les enveloppa dans son ombre, et une voix sortit de la nuée disant : " Celui-ci est mon Fils bien-aimé qui a toute ma faveur, écoutez-le. "Les disciples ayant entendu tombèrent sur leurs face et furent saisis d'une grande crainte. Et Jésus s'approchant les toucha et leur dit : "Levez-vous, et n'ayez pas peur !" Or ayant levé les yeux, ils ne virent personne que Jésus lui-même, seul.
Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : "Ne parlez à personne de la vision avant que le Fils de l'homme ne soit ressuscité d'entre les morts."
MÉGALINAIRE, t. 4
Magnifie, ô mon âme, magnifie
le Christ notre Dieu glorieusement
transfiguré sur la montagne du Thabor.
Immortel s'est révélé celui que tu as
mis au monde
et Dieu lui-même a voulu sortir de ton sein :
revêtu de notre chair, il a paru sur la terre
pour converser avec les hommes.
Ô Mère de Dieu,
d'un seul coeur nous te magnifions.
CHANT DE COMMUNION
À la clarté de ton visage, Seigneur, nous
marcherons,
en ton Nom jubilant tout le jour. Alléluia.
MÉDITATION
SUR LA FÊTE
AVEC LE PÈRE LEV GILLET
La deuxième des grandes fêtes dété est la Transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ,
que nous célébrons le 6 août [1].Les textes de lAncien Testament que nous entendons au cours des vêpres, le soir du 5 août, nous préparent à comprendre le mystère de la Transfiguration. Nous entendons tout dabord (Ex 24, 12-18) le récit du séjour de Moïse sur le Sinaï, lorsquil y passa quarante jours et quarante nuits. Les raisons du choix de ce texte sont très compréhensibles. Moïse est un des personnages de lAncienne Alliance qui sont présents auprès de Jésus transfiguré, daprès le récit évangélique. Puis il y a le thème de la montagne : " Monte vers moi sur la montagne et demeures-y ". Cest aussi sur une montagne que Jésus sera transfiguré. Il y a le parallélisme et le contraste entre les deux modes de révélation reçue sur la montagne : dans le premier cas, Dieu donne à Moïse une loi écrite sur des tables de pierre ; dans le deuxième cas, Dieu manifeste le personne vivante de son Fils unique. Enfin, la lumière ou la nuée de la présence divine, cette " gloire " qui pour les Hébreux avait une signification physique " La nuée couvrit la montagne, et la gloire du Seigneur sétablit sur le mont Sinaï Cette gloire du Seigneur revêtait laspect dune flamme dévorante couronnant la montagne " annonce déjà la lumière de la Transfiguration. Nous lisons ensuite (Ex 33, 11-23 34, 4-6, 8) un épisode dont chaque parole peut merveilleusement sappliquer à notre propre vie spirituelle. Dieu dit à Moïse : " Jirai moi-même, et je te donnerai le repos ". Moïse demande à Dieu : " Fais-moi, de grâce, voir ta gloire ". Dieu répond : " Je ferai passer devant toi toute ma splendeur mais tu ne peux pas voir ma face ". Moïse vient au rendez-vous fixé par Dieu ; il se tient debout sur le Sinaï, ayant dans ses mains les tables de la loi. " Le Seigneur descendit en forme de nuée Seigneur passa devant lui et cria : Seigneur, Seigneur, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et fidélité ". Dieu nous parle intérieurement comme il parlait à Moïse, " face à face, comme un homme converse avec un ami ". Comme devant Moïse, il fait passer sa bonté plutôt que sa gloire. Mais, plus heureux que Moïse, nous savons que la face de Dieu peut-être contemplée par nous dans la personne du Fils. Enfin nous lisons (dans les textes traduits des Septante, 3 R 19, 3-16) deux épisodes de la vie du prophète Élie. Cest dabord sa retraite de quarante jours sur le mont Horeb, où un ange lui apporte du pain et de leau ; puis cest la révélation de la présence divine, non dans le feu, le vent et le tremblement de terre, mais dans " le bruit dune brise légère ".
Ces trois lectures de lAncien Testament associent les personnes de Moïse et dÉlie, parce que tous deux seront témoins de la Transfiguration de Notre Seigneur.
Aux matines, nous entendons le récit de la Transfiguration dans lévangile selon Saint Luc (9, 28-36). À la liturgie, nous entendons ce même récit dans lévangile selon Saint Matthieu (17, 1-9). Lépître lue à la liturgie est la deuxième écrite par Pierre (1, 10-19) : celui-ci était, avec Jacques et Jean, un des trois témoins oculaires de la Transfiguration. Aussi trouverons-nous particulièrement émouvant le rappel quil fait de ce mystère : " nous fûmes témoins oculaires de sa majesté Lorsque la gloire pleine de majesté lui transmit cette parole : Celui-ci est mon Fils bien-aimé Cette voix, nous, nous lavons entendue ; elle venait du ciel, nous étions avec lui sur la montagne sainte ". Pierre compare ces paroles à celle des prophètes, qui sont encore " plus ferme " (soit parce que les lecteurs de Pierre nont pas eu la même expérience que lui ; soit que lui-même, par humilité, mette lÉcriture au-dessus de sa propre expérience ; soit quil veuille souligner lautorité divine de lensemble des prophéties). La parole prophétique, semblable à la lumière de la Transfiguration, " brille dans un lieu obscur ", dit Pierre, " jusquà ce que le jour commence à poindre et que lastre du matin se lève dans vos curs ".
Essayons maintenant de considérer quelques aspects du récit évangélique de la Transfiguration. Jésus prend avec lui ses trois plus intimes disciples. Dieu se manifeste parfois aux pécheurs dune manière extraordinaire. Mais, en général, le privilège de contempler Dieu et dentrer dans la joie de la Transfiguration est réservé à ceux qui ont suivi longtemps et fidèlement le Maître.
Jésus conduit ses disciples sur une haute montagne [2]. Avant datteindre à la lumière de la Transfiguration, les ascensions pénibles de lascèse sont nécessaires.
Laspect habituel de Jésus est changé. Sa face resplendit " comme le soleil ". Son vêtement devient " dune blancheur fulgurante ". Cest en ceci que consiste la Transfiguration. Ce Jésus que les disciples connaissaient bien et dont laspect, dans la vie quotidienne, ne différait pas de celui des autres leur apparaît soudain sous une forme nouvelle et glorieuse. Une expérience semblable peut se produire, dans notre vie intérieure, de trois manières. Parfois notre image intérieure de Jésus devient (aux yeux de notre âme) si lumineuse, si resplendissante, quil nous semble vraiment voir la gloire de Dieu sur sa face : la beauté divine du Christ devient en quelque sorte pour nous un objet dexpérience. Parfois aussi nous éprouvons dune façon intense que la lumière intérieure, cette lumière donnée à tout homme venant en ce monde pour guider sa pensée et son action, sidentifie à la personne de Jésus-Christ : la puissance de la loi morale se fond avec la personne du Fils, lattrait du sacrifice nous fait entrevoir le Sauveur sacrifié et entendre son appel. Parfois enfin nous devenons conscients de la présence de Jésus dans tel homme ou dans telle femme que Dieu a mis sur notre route, surtout quand il nous est donné de nous pencher avec compassion sur leurs souffrances : cet homme ou cette femme se transfigure en Jésus-Christ, sous les yeux de la foi. On pourrait, de ce dernier fait, dégager une méthode précise de spiritualité, une méthode de transfiguration applicable à tous, partout et toujours.
Auprès de Jésus apparaissent Moïse et Élie. Moïse représente la loi. Élie représente les prophètes. Jésus est laccomplissement de toute loi et de toute prophétie. Il est le terme final de toute lAncienne Alliance. Il est la plénitude de toute la révélation divine.
Moïse et Élie sentretiennent avec Jésus de sa Passion prochaine. Cet aspect de la Transfiguration nest, en général, pas assez remarqué. On ne peut pas, dans la vie de Jésus, séparer les mystères glorieux des mystères douloureux. Cest au moment où Jésus se prépare à sa Passion quil est transfiguré. Nous nentrerons dans la joie de la Transfiguration que si, dans notre propre vie, nous acceptons la croix.
Pierre voudrait se fixer dans la béatitude de la Transfiguration. Il suggère à Jésus la construction de trois tentes. Ainsi un fidèle, au début de sa vie spirituelle, désire prolonger les " consolations ", les moments de douceur intime. Jésus laisse sans réponse la suggestion de Pierre. Ni aux premiers disciples ni à nous-mêmes il nest permis de se soustraire aux durs travaux de la plaine et de sétablir dès maintenant dans une paix qui nappartient quà la vie future.
La nuée lumineuse de la Présence divine couvre le sommet de la montagne. Du milieu de la nuée, une voix se fait entendre : " Celui-ci est mon Fils bien-aimé, mon Élu, écoutez-le ". Les mêmes paroles, ou presque, avaient déjà été prononcées par la même voix, lors du baptême de Jésus. Elles donnent à la scène de la Transfiguration tout son sens. Pourquoi Jésus change-t-il daspect ? Pourquoi senveloppe-t-il de lumière ? Ce nest pas pour offrir aux apôtres un spectacle impressionnant et réconfortant. Cest pour traduire à lextérieur le témoignage solennel que le Père rend à son Fils. Et le Père lui-même donne une conclusion pratique à la vision : " Écoutez-le ". Une grâce extraordinaire ne produit son effet que si elle nous rend plus attentifs et plus obéissants à la Parole divine.
Les disciples sont terrassés deffroi. Jésus les touche et les rassure. " Et, eux, levant les yeux, ne virent plus personne que lui, Jésus, seul (Mt 17,8) ". Nous pouvons trouver à cette phrase des sens divers, également vrais. Dune part, la condition normale du disciple de Jésus, en ce monde, est de sattacher à la personne de Jésus sans que celle-ci revête les attributs extérieurs de la gloire divine ; le disciple doit voir " Jésus, seul ", Jésus dans son humilité ; si, à de rares moments, son image nous semble enveloppée de lumière, et si nous croyons entendre la voix du Père désignant le Fils à notre affection, ces éclairs ne durent pas ; et nous devons aussitôt retrouver Jésus là où il se trouve habituellement, au milieu de nos humbles et parfois difficiles devoirs quotidiens. Voir " Jésus, seul ", cela signifie encore : concentrer sur Jésus seul notre attention et notre regard, ne point nous laisser distraire par les choses du monde ni par les hommes et les femmes que nous rencontrons, bref, rendre Jésus suprême et unique dans notre vie. Est-ce à dire quil faille fermer les yeux au monde qui nous entoure et qui souvent a besoin de nous ? Quelques-uns sont appelés à rester absolument seuls avec le Maître : quils soient fidèles à cette vocation. Mais la plupart des disciples de Jésus, vivant au milieu du monde, peuvent donner aux mots " Jésus, seul " encore une autre interprétation. Sans renoncer à un contact reconnaissant avec les choses créées, à un contact aimant et dévoué avec les hommes, ils peuvent atteindre un degré de foi et de charité où Jésus deviendra transparent à travers les hommes et les choses ; toute beauté naturelle, toute beauté humaine deviendront la frange de la beauté même du Christ ; nous verrons son reflet dans tout ce qui, en dautres, attire et mérite notre sympathie ; bref, nous aurons " transfiguré " le monde, et, dans tous ceux sur lesquels nous ouvrirons les yeux, nous trouverons " Jésus seul ".
Le mystère de la Transfiguration a encore un autre aspect que les textes scripturaires de la fête nindiquent pas clairement, mais que les chants liturgiques soulignent. " Pour montrer la transformation de la nature humaine lors de ton Second et redoutable Avènement Sauveur tu tes transfiguré ô toi qui as sanctifié tout lunivers par ta lumière ". Ces paroles, que nous chantons à matines , font allusion au caractère cosmique et eschatologique de la Transfiguration. La nature entière qui maintenant subit les conséquences du péché, cause du mal physique sera affranchie, renouvelée, lorsque le Christ reviendra glorieusement, à la fin des temps. Cette transformation du monde est proposée à notre croyance, à notre espoir, à notre attente. Il faut se garder toutefois dexagérer cet aspect de la Transfiguration au détriment des autres [3]. Les évangiles nous montrent que le sens premier, fondamental, de la Transfiguration concerne la personne même de Notre Seigneur, que son Père glorifie avant de le laisser aller à la Passion. Les effusions envers le mystère de la transfiguration de la " terre " ne doivent pas voiler cette vérité : à savoir que la Transfiguration est dabord, avant tout, la Transfiguration du Fils bien-aimé.
Enfin la Transfiguration est aussi une révélation du Père et de lEsprit. Elle soulève le voile qui recouvre pour nous, en cette vie terrestre, la vie intime des trois personnes divines. Disons avec toute lÉglise, dans la neuvième ode des matines : " Tenons-nous spirituellement dans la cité du Dieu vivant et considérons avec admiration la divinité immatérielle du Père et de lEsprit resplendissant dans le Fils unique ".
[1] La fête de la Transfiguration a commencé à être célébré au IVe siècle, en Asie, probablement chez les Arméniens. Ceux-ci la célèbrent dune manière particulièrement solennelle : ils sy préparent par un jeûne de six jours et la font durer trois jours. Comme plusieurs autres fêtes chrétiennes, la Transfiguration semble avoir remplacé une fête païenne, une " fête de la nature " : la bénédiction des fruits nouveaux, le jour de la Transfiguration, est peut être un vestige de cette origine. Très tôt adoptée dans lÉglise grecque, cette fête ne sest introduite quau IXe siècle dans lÉglise latine ; et encore nest-ce quau XVe siècle quelle a été généralement adoptée en Occident.
[2] Les évangiles ne nomment pas cette montagne. Les textes liturgiques parlent du Thabor. On a fait remarquer que lHermon correspondrait mieux aux données évangéliques. Néanmoins la tradition relative au Thabor avait cours en Palestine dès le IVe siècle.
[3] Une certaine école contemporaine de pensée orthodoxe voudrait mettre la Transfiguration au centre de tout le mystère chrétien et insiste avec outrance sur la transformation du cosmos. Le caractère essentiellement christologique de la Transfiguration et son lien avec les souffrances messianiques est ainsi méconnu. Dautre part, quelques mystiques byzantins du moyen âge ont attribué à la " lumière du Thabor " une place que ni les Écritures ni les Pères de lÉglise ne lui donnent. LOrthodoxie ne se réduit pas à la Transfiguration et à la nuit de Pâques, comme certains de ses apologètes tendraient à le faire croire. Il faut admirer la sagesse avec laquelle lÉglise, dans son cycle liturgique, met chaque chose à sa place et dans ses vraies proportions, sefforçant de maintenir un équilibre harmonieux entre les divers aspects de lunique mystère.
Extrait du livre L'An de grâce du
Seigneur,
signé « Un moine de l'Église d'Orient »,
Éditions AN-NOUR (Liban) ;
Éditions du Cerf, 1988.
Anastase le Sinaïte (7e-8e siècles), Homélie sur la Transfiguration. Dans Roselyne de Feraudy, L'icône de la Transfiguration. Abbaye de Bellefontaine, 1978. Pages 125-145.
Andronikof, C., Le sens des fêtes. Cerf, 1970. Pages 225-273.
Catéchèse orthodoxe : Dieu est vivant. Cerf, 1991. Pages 85-113.
Catéchèse orthodoxe : Les fêtes et la vie de Jésus-Christ II. La Résurrection. Cerf, 1989. Pages 29-46.
Coune, Michel, Grâce de la Transfiguration d'après les Pères d'Occident. Bellefontaine, 1990.
Coune, Michel, Joie de la Transfiguration d'après les Pères d'Orient. Bellefontaine, 1985.
Dabrowski, Eugène, La Transfiguration de Jésus. Institut Biblique Pontifical: Rome, 1939.
de Feraudy, Roselyne, L'icône de la Transfiguration. Abbaye de Bellefontaine, 1978.
Jean Damascène (8e siècle), Homélie sur la Transfiguration du Seigneur. Dans Roselyne de Feraudy, L'icône de la Transfiguration. Abbaye de Bellefontaine, 1978. Pages 147-184.
Habra, Georges, La Transfiguration selon les Pères grecs. Éditions SOS, 1973.
Un Moine de l'Église d'Orient, L'an de grâce du Seigneur. Cerf, 1988. Pages 277-282.
Rousseau, Daniel, L'icône, splendeur de ton visage. Saint-Paul, 1994. Pages 181-187.
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Dernière mise à jour le 01-08-02.