Vie spirituelle

et les deux ne feront quune seule chair

Pages du mariage et de la vie chrétienne dans le monde


La rencontre de Joachim et Anne (détail)

La Rencontre de Saint Joachim
et Sainte Anne (détail)

L'ICÔNE AU COMPLET

 

(Éphésiens 5, 31)

 

ENCYCLIQUE DU SAINT SYNODE D’ÉVÊQUES
DE L’ÉGLISE ORTHODOXE EN AMÉRIQUE
CONCERNANT LE MARIAGE

 

ENCYCLIQUE CONCERNANT LE MARIAGE
GUIDE PASTORAL DU MARIAGE
I. ORIENTATION PRÉLIMINAIRE
II. LE CONTEXTE ECCLÉSIAL DU MARIAGE
III. LE MARIAGE HORS DE L ÉGLISE
IV. LES MARIAGES MIXTES
V. SECONDS ET TROISIÈMES MARIAGES
VI. DIVORCE ET REMARIAGE
VII. MARIAGE ET VIE FAMILIALE
VIII. LA RÉGULATION DES NAISSANCES
IX. L’AVORTEMENT

ENCYCLIQUE CONCERNANT LE MARIAGE

Chers frères et sœurs dans le Christ,

Il nous paraît impérieux d’aborder aujourd’hui à votre intention un sujet d’une importance capitale pour la vie chrétienne. Notre monde en voie de déchristianisation avancée tend de plus en plus à méconnaître la compréhension même du mariage et de la famille telle que transmise par la tradition biblique. Séduits par une conception erronée de la liberté et aveuglés par les progrès d’une humanité blasée, imbue de réussites scientifiques certes prodigieuses mais parvenue, à ses yeux, à trop de maturité et de raffinement pour s’abaisser à suivre l’Évangile du Christ, un grand nombre en ont rejeté les exigences morales. Les conséquences de cette attitude s’étalent à la vue de tous : éclatement de la famille, meurtre systématique par avortement légal de millions d’enfants qui ne verront jamais le jour, déviation du comportement sexuel, corruption effrénée des mœurs. Tout concourt à l’effondrement des fondements moraux de la société.

C’est pourquoi c’est à nous, vos évêques de l’Église orthodoxe en Amérique, qu’il revient de réitérer, à vous tous qui êtes les brebis bien-aimées confiées à notre sollicitude, la proclamation de cette grande et sainte vision du mariage telle que glorieusement préservée et manifestée dans la doctrine, la liturgie et la tradition canonique de l'Église. Si nous entreprenons cette démarche, ce n’est pas sous l’impulsion d’un conservatisme suranné ou parce que nous estimons la société actuelle plus intrinsèquement mauvaise que les générations précédentes. Notre tâche pastorale nous impose de n’avoir pour seul souci que le bien-être et le salut éternel de toutes nos ouailles, de même que nous préoccupe le sort de tous les hommes.

Nous parlons de " ce qui fut au commencement, de ce que nous avons nous-mêmes entendu, et vu de nos propres yeux... au sujet de la Parole de vie " (Jean 1, 1). Nous élevons la voix parce que nous savons que la vérité de l’évangile du Christ est la vérité éternelle, la seule chose utile, la meilleure part (Luc 10,42) pour tous les hommes, en tout temps et en tout lieu.

Qu’ils soient orthodoxes, non-orthodoxes ou même non-chrétiens, beaucoup demeurent fascinés par la beauté de la cérémonie du mariage tel que nous le célébrons chez nous. Notre propos est de leur révéler le sens profond, de leur faire voir l’image du mariage comme l’icône de la vie divine au sein de la Trinité même et de mettre en lumière la responsabilité et l’engagement qu’implique cette vision du mariage.

C’est pourquoi c’est à vous que s’adresse en premier lieu notre appel, vous tous sur qui repose la vie de nos paroisses et l’avenir de notre jeunesse, et nous vous exhortons à engager une action concertée en vue de fournir à chacun, en matière de mariage, une direction éclairée et une aide adéquate. Il vous incombe tout d’abord offrir l’exemple d’une vie droite et pure, marquée par une fidélité irréprochable à votre propre engagement matrimonial. Il vous appartient encore, " sachant l’art de répondre à chacun comme il convient " (Colossiens 4, 6), de trouver les mots d’explication et d’encouragement qu’on attend de vous, soit en prodiguant directement conseils et exhortations, soit encore par le truchement de programmes éducatifs.

L’Ancien Testament nous apprend que Dieu créa l’homme " à sa propre image ", " homme et femme il les créa " (Genèse 1, 27), et que depuis ce commencement " l’homme quitte son père et sa mère pour s’attacher à sa femme et ils deviennent une seule chair " (Genèse 2, 24). L’homme et la femme se complètent mutuellement et cette complémentarité exprimée dans leur union et leurs activités communes est vraiment à l’image et à la ressemblance de Dieu. Ce fondement spirituel du mariage transcende nettement, sans l’abolir, l’union physique des corps. Aussi, les relations charnelles dénuées de toute cohésion spirituelle ne peuvent être qu’immorales, car elles se doivent de refléter la plénitude de l’amour limpide par lequel l’homme et la femme s’unissent dans le mariage.

Dans le Nouveau Testament, nous apprenons, de la bouche même de notre Seigneur, le caractère unique et indissoluble du lien matrimonial établi par Dieu lui-même entre l’homme et la femme : " Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare point " (Matthieu 19, 6). La cérémonie du mariage laisse voir d’ailleurs clairement que l’époux et l’épouse ne s’unissent pas par leur seul consentement mais par Dieu : " car par toi le mari est uni à sa femme " (Office du mariage). C’est pour cette raison que la liturgie orthodoxe du mariage n’exige ni serment, ni vœu de la part du couple. Leur volonté propre et leur consentement mutuel demeurent à coup sûr requis pour qu’il y ait mariage car les sacrements ne sont pas des rites magiques qui pourraient suppléer à la coopération des hommes, mais ni vœu ni serment ne peuvent suffire, seuls, à conférer un caractère absolu et gracieux à l’union de l’homme et de la femme appelés au mariage chrétien. Le véritable mariage chrétien ne peut en effet être consacré que par Dieu lui-mème. Dans une telle union, décrite par saint Paul comme " un grand mystère " (Éphésiens 5, 32), l’affection réciproque et le projet d’une vie commune deviennent un amour pénétré et sanctifié par la grâce divine : l’eau est transformée en un bon vin, tout comme aux noces de Cana, en Galilée (Jean 2, 1-11).

Par le mariage chrétien, mari et femme reflètent dans leur propre existence l’union entre Dieu et son peuple bien-aimé ; entre le Christ, l'époux, et l’Église, l'épouse (Éphésiens 5, 32). C’est Dieu qui accompagne le mari et sa femme, les acheminant vers une unité qui ne se révélera comme parfaite et éternelle que dans Royaume, leur infusant le Saint Esprit, de sorte que soient écartés de leur vie l’égoïsme et la discorde. Il sanctifie et purifie tous leurs rapports. À ceux qui s’unissent dans l’harmonie et l’amour, les prières de la liturgie du mariage rappellent que Dieu leur insuffle la foi et la communion de pensée, la sainteté, la pureté, la chasteté, la joie, la gloire et la promesse de la vie éternelle. Dieu les unit corps et âme, cœur et esprit.

De toute évidence, ce n’est pas dans l’existence présente que le mariage chrétien atteindra son total épanouissement ni ne conduira au bonheur parfait. Comme il en est de toutes choses dans le Christ, le mariage aussi doit subir l’épreuve de la croix, de la tentation, de la souffrance, du risque et finalement, de la mort, avant que d’atteindre son ultime consommation dans la Résurrection promise et l’établissement du Royaume de Dieu attendu, dans toute sa puissance, pour la fin des temps. Les couples chrétiens expérimentent tout cela, eux qui s’efforcent de développer, tout au cours de leur vie, le grand don reçu de Dieu dans le mariage : " Tu as placé sur leurs tètes des couronnes de pierres précieuses, et la vie qu’ils ont demandée, tu la leur avez accordée " (Psaume 21, prokimenon de l’Office du mariage). Quant à ceux qui livrent le bon combat en bons et loyaux serviteurs, leur témoignage confiant au nom du Christ leur vaudra de porter ces couronnes comme récompense éternelle, tout comme les habits de noce deviendront pour eux la robe de salut et de gloire pour toujours.

C’est dans le mariage que la plénitude de l’amour entre l’homme et la femme atteint sa plus grande perfection : les deux ne forment qu'un. Fusionnées par l’amour, deux existences deviennent une seule vie dans une parfaite harmonie. Cet amour sanctifié par Dieu constitue la grande source du bonheur recherché dans le mariage : il renferme le pouvoir de transformer ceux qui aiment et ceux qui sont aimés. Cet puissance vivifiante imprègne à ce point la vie de famille que toutes les imperfections peuvent être aplanies et les difficultés surmontées. Le véritable amour ne cesse jamais, que ce soit ici-bas ou dans le monde à venir. La confiance et la fidélité doivent régner dans le mariage, car l’amour véritable ne saurait souffrir la moindre tromperie. Quand le mari et la femme s'unissent dans l’amour, ils acceptent de partager une vie commune dans un esprit d’entraide et de partage en toutes choses, car l’amour qu’ils se portent l’un l’autre trouve son expression dans l’assistance et le secours mutuels.

Un tel amour implique le caractère absolu du lien matrimonial. Le mari et la femme ne doivent pas vivre dans la seule recherche de leur propre satisfaction mais bien l’un pour l’autre : tel est le sens de l’amour véritable. Aussi le mariage doit-il constamment et intentionnellement être porté en offrande à Dieu et toujours dans la vie et les enseignements de l’Église. Le mari et la femme ne pourront atteindre leur glorification finale dans le siècle à venir qu’en se sacrifiant l’un pour l’autre dans la vie présente pour la gloire de Dieu. Le mariage chrétien met spécifiquement en pratique l’un des enseignements fondamentaux du Christ : " Celui qui cherchera à conserver sa vie la perdra mais celui qui aura perdu sa vie à cause de moi la retrouvera " (Matthieu 10, 39).

Dans cet amour béni par Dieu, la procréation d’enfants qui soient bons, justes et saints constitue le plus grand prodige accompli au sein du mariage. À l’image de Dieu qui élève la vie dans l’amour, le mariage chrétien, ce miracle d’unité établi par Dieu dans l’amour, produit une vie abondante de sainteté et de bonté (1 Corinthiens 7, 14).

La perfection du mariage réside dans son caractère unique, incommunicable, indivisible ; cette perfection, à l’exemple nième de l’unité absolue qui existe entre le Christ et son Église, exclut en principe les mariages multiples. Le Christ n’a en effet qu’une seule Église et l’Église n’a pas d’autre Christ. Même la mort ne peut briser le lien de cet amour parfait. C’est pourquoi l’Église n'encourage ni un deuxième ni un troisième mariage, même pour les veufs et les veuves, bien que, par égard pour la faiblesse et la fragilité de la nature humaine, cette pratique soit tolérée. Toutefois, un quatrième mariage est totalement interdit. Le rite du couronnement dans la cérémonie du mariage signifie que l’époux et l’épouse forment une nouvelle communauté dans le Christ. Le mari devient le chef de cette communauté, tout comme Dieu est le chef du Christ (1 Corinthiens 11, 13) et comme le Christ " est le chef de l’Église " (Éphésiens 5, 23). L’autorité du mari n’est pas un pouvoir arbitraire exercé sur sa femme et ses enfants mais la marque d’une responsabilité donnée par Dieu et qu’il doit assumer à l’image du Christ, l’homme parfait : " ...cet homme que Dieu a accrédité auprès de vous " (Actes 2, 22). Son autorité est donc un service d’amour et de sacrifice ; elle consiste non seulement pourvoir aux besoins de sa femme et de ses enfants mais à les entourer d’affection " ainsi que justement le Christ fait pour son Église " (Éphésiens 5, 29).

La femme est le soutien de son mari, sa compagne bien-aimée pour la vie, sa source de joie et de bien-être. C’est dans Ève, la mère de la vie, que fut révélée la plénitude de la vie car sans elle Adam serait resté seul et n’aurait pas eu de compagne qui lui fût assortie (Genèse 2, 18). Parce que c’est elle qui porte la vie dans la procréation des enfants, l’épouse est directement concernée par la vie et sa qualité. C’est elle qui, par sa bonté sa pureté de cœur, sa quiétude d’esprit, sa bienveillance et son souci des autres, contribue à rendre satisfaisante la vie de son mari et de sa famille. Sa véritable parure est " le joyau impérissable d’une âme douce et calme et c’est cela qui est précieux devant Dieu " (1 Pierre 3, 4).

La famille chrétienne ne saurait progresser dans sa haute vocation si elle n’est d’abord fermement ancrée dans la foi. Le mari et la femme doivent s’efforcer sans cesse d’approfondir leur foi et d’y conformer leur vie. Elle doit devenir pour eux le critère d’autorité à partir duquel tout ce qu’ils peuvent lire, voir ou entendre d’autre doive être jugé, évalué, confronté. Il est particulièrement vital pour la famille chrétienne de participer à la vie de l’Église en priant à la maison, en assistant aux offices religieux, en fréquentant les sacrements, en observant les jeûnes et les fêtes de l'Église et en perpétuant ses traditions. Il est également important que les membres de la famille chrétienne participent à la vie générale de leur paroisse et ne se lient d’amitié qu’avec ceux que distinguent une foi personnelle et solide ainsi que la droiture de leur vie.

Chaque chrétien doit rechercher les conseils et directives des pasteurs de l’Église. Spécialement avant de contracter mariage, hommes et femmes orthodoxes doivent prendre contact avec leur pasteur de manière à ce qu’il puisse leur exposer la véritable nature du mariage dans l’Église et les aider à mieux comprendre les exigences d’une vie familiale authentiquement chrétienne, c’est-à-dire spirituellement riche et moralement droite. Chaque famille également doit continuer à vivre dans l’humble soumission aux directives de l’Église et de ses pasteurs et rechercher l’aide qu’on peut lui prodiguer.

Avec l’aide de Dieu, toutes les difficultés et tous les tracas inévitables de la vie seront surmontés parce que ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu (Luc 18, 27). Avec la foi en Dieu, le mari deviendra vraiment capable de guider sa famille sur le chemin du salut et de la mener vers le Royaume de Dieu car il saura aimer sa femme et ses enfants plus que lui-même. Avec l’aide de Dieu, la femme deviendra apte à devenir pour la famille entière une source de pureté, de sainteté et d’amour. Et les enfants nés pour Dieu dans une telle famille seront, dès leur bas âge, élevés comme des chrétiens. Une telle famille, sera, pour son entourage, précieux modèle et une source de foi, de bonté et de bienveillance.

L'idéal chrétien du mariage et de la famille, de la masculinité et de la féminité, est incomparablement plus exaltant par les satisfactions qu’il apporte, plus inspirant par l’équilibre qu’il génère, que toutes ces conceptions fallacieuses, erronées et à sens unique que véhiculent toutes ces fausses idéologies à la mode qui réduisent le sens de la vie humaine à la seule satisfaction des appétits sexuels, à la simple sécurité matérielle ou à toutes autres fonctions limitées et désirs bornés. Dans le Christ, l’homme nous est révélé comme fils et ami de Dieu. Il a la capacité de devenir un membre du Christ en esprit et en vérité. Il lui est donné d’accomplir, dans le mariage chrétien, une éternelle, unique et totale union dans l’amour.

Chers frères et sœurs dans le Christ, soyez en plénitude de vrais hommes et de vraies femmes. Soyez remplis de foi pour l’idéal chrétien du mariage et de la famille. Que nos familles chrétiennes demeurent unies dans l’amour mutuel et dans ce qui leur tient à cœur. Maris et femmes : aimez-vous sans partage, aimez vos enfants. Enfants : respectez vos parents. " Soyez soumis les uns aux autres dans la crainte de Dieu " (Éphésiens 5, 21).

Les Évêques du Saint Synode de l’Église orthodoxe en Amérique.

  


GUIDE PASTORAL DU MARIAGE

I. ORIENTATION PRÉLIMINAIRE

A. Tout couple doit demander la bénédiction, la direction et le conseil de son pasteur en vue de planifier et préparer son mariage.

L’orientation préliminaire est une responsabilité pastorale essentielle. Les couples sont dans l’obligation de prendre contact avec le prêtre de leur paroisse avant de mettre au point leurs plans. Les pasteurs, de leur part, doivent demeurer disponibles et prendre soin des membres du troupeau qui leur est confié. L’orientation initiale doit comprendre la décision, pour le cas étudié, quant à la possibilité de ce mariage dans l’Église. Ayant cela à l’esprit, le pasteur doit commencer par revoir les exigences suivantes avec le couple :

1. Ils doivent librement consentir au mariage.

2. Au moins l’un d’eux doit être membre de l’Église orthodoxe, et l’autre un chrétien baptisé.

3. Les circonstances de mariages précédents doivent être examinées et, le cas échéant, les documents établissant un divorce doivent être présentés.

4. Tout obstacle canonique ou légal au mariage, tel que la parenté de sang, doit être clarifié.

5. La date du mariage doit être fixée suivant les jours et les saisons approuvés par l’Église.

6. Les exigences spécifiques quant à l’examen du sang, au permis de mariage, aux alliances et à l’appartenance dans la paroisse locale doivent être revues.

De plus, les pasteurs doivent mettre en disponibilité tout écrit exprimant la vision chrétienne orthodoxe du mariage, tel que :

1. Saint Jean Chrysostome, Homélie 20 sur l’Épître aux Éphésiens. (Des extraits sont publiés en annexe du livre de Jean Meyendorff, Le mariage dans la perspective orthodoxe.)
2. Alexandre Eltchaninoff, Le journal intime d’un prêtre russe. (Des extraits sont publiés en annexe du livre de Jean Meyendorff, Le mariage dans la perspective orthodoxe.)
3. Paul Evdokimov, Le sacrement de l’amour : … Desclée de Brouwer, 1982.
4. Thomas Hopko, L’Église, les sacrements, les cycles liturgiques, les fêtes.
5. Jean Meyendorff, Le mariage dans la perspective orthodoxe. YMCA Press/ŒIL, 1986
6. Alexandre Schmemann, Pour la vie du monde. Desclée, 1969..

B. Les parents devraient s’impliquer dans les préparations de leurs enfants au mariage.

Suivant la tradition, les enfants de familles orthodoxes demandent d’abord la bénédiction de leurs parents lorsqu’ils veulent se marier. L’exclusion des parents serait anormale. Néanmoins, certaines difficultés surviennent lorsque des parents s’opposent au mariage de leurs enfants. S’ils sont en âge, le pasteur doit décider s’il peut ou non les marier sans le consentement des parents. Dans tous les cas, toutefois, les parents doivent être informés du mariage à l’avance et conseillés de manière appropriée, suivant le principe qui veut qu’aucun sacrement de l’Église ne soit accompli " en secret ".

C. Les pasteurs doivent conseiller non seulement ceux qui se préparent au mariage, mais aussi ceux qui éprouvent des difficultés dans leur mariage.

Les efforts du prêtre dans ce but peuvent prendre un aspect public aussi bien que privé. Il peut organiser des retraites et des rencontres pour les couples mariés, comme il peut les diriger individuellement. Ainsi il allège de nombreux problèmes avant qu’ils ne deviennent aigus et il aide les couples à croître mutuellement en amour et en unité avec le Seigneur.

II. LE CONTEXTE ECCLÉSIAL DU MARIAGE

A. Par leur prédication et leur enseignement, les pasteurs doivent souligner le caractère communautaire du à tous les membres de l’Église.

Tous les sacrements, le mariage y compris, sont célébrés dans, par et pour toute l’Église. Le mariage n’est pas du seul intérêt individuel, célébré en privé ou en présence d’un groupe d’invités choisis. L’Église n’est pas réductible à un simple bâtiment, ni le prêtre au rôle d’un officiel imbu de pouvoirs légaux, devant être engagé ou loué à un prix approprié. Saint Paul exalte notre appel élevé de chrétiens en ces mots : " Or vous êtes le corps du Christ et vous êtes ses membres, chacun pour sa part " (1 Corinthiens 12, 27). Les chrétiens s’accomplissent pleinement en communauté les uns pour lés autres, sous l’autorité du Christ. Chaque chrétien découvre cet accomplissement selon la manière par laquelle ses dons édifient et glorifient le corps entier du Christ. Inversement, c’est la plénitude du corps du Christ qui donne un sens concret aux dons des membres individuels et qui les rend manifestes, les révélant en vérité comme dons de l’Esprit Saint. Dans une communauté imbue de l’Esprit, les joies et souffrances de chaque membre individuel affectent inévitablement tous les autres. Les couples doivent prendre conscience de cette unité du corps de l’Église afin de ne pas préparer leur mariage comme si la communauté paroissiale et l’Église n’existaient pas.

B. Les couples devraient planifier leur mariage suivant les périodes de l’année et les jours que l’Église alloue aux mariages.

Les mariages sont interdits au cours des quatre saisons de jeûne, de même qu’aux veilles des mercredis, vendredis et dimanches, et aux veilles des fêtes majeures. (On recommande de consulter le calendrier liturgique quant aux jours spécifiques où les mariages ne sont pas célébrés.) À ces époques de l’année, la communauté de l’Église jeûne et se prépare à l’eucharistie. Mais le mariage demeure une occasion de grande joie et de célébration et doit donc être célébré durant ces seules périodes où l’Église entière peut fêter. Le moment le plus approprié pour un mariage, c’est le dimanche, tout de suite après la Divine Liturgie, lorsque l’Église entière célèbre avec joie la vie nouvelle reçue dans et par le Christ ressuscité.

C. Les couples orthodoxes doivent participer ensemble aux sacrements de confession et de communion avant leur mariage.

De plus, l’on devrait si possible suivre les indications de l’Euchologe suivant lequel les mariages doivent être célébrés après la Divine Liturgie. L’anomalie d’un mariage mixte ressort du fait qu’en pareil cas le couple ne peut pas partager ensemble la Coupe du Salut. Toutefois, même lors d’un mariage mixte, le parti orthodoxe doit venir à la confession et à la communion, comme au centre même de sa préparation matrimoniale, confirmant son appartenance à l’Église à laquelle il convie dès lors son partenaire.

D. Quant à l’ordre et au style de la cérémonie elle-même, les pasteurs doivent obéir à saint Paul qui recommande " que tout se fasse convenablement et avec ordre " (1 Corinthiens 14, 40).

1. Le prêtre devrait annoncer publiquement la date de chaque mariage ainsi que les noms des futurs mariés.

2. Il peut aider le couple à préparer et comprendre son mariage en arrangeant une répétition explicative.

3. Il devrait s’assurer de la présence des chantres et de leur préparation pour les mariages.

4. Il devrait proclamer la vraie nature du mariage chrétien à l’homélie de chaque mariage, s’appuyant sur les actes liturgiques principaux de l’office du mariage pour en tirer les thèmes les plus évidents.

Toutes ces indications prennent de l’importance devant les invités qui ne sont pas membres de l’Église orthodoxe lors des mariages.

III. LE MARIAGE HORS DE L ÉGLISE

A. Les chrétiens orthodoxes doivent être mariés par un prêtre orthodoxe dans l’Église orthodoxe.

Un chrétien orthodoxe qui se marie en dehors de son Église, dans quel qu’autre église ou par une cérémonie civile, perd son appartenance à l’Église et ne peut plus recevoir la Sainte Communion.

Le principe qui guide le prêtre orthodoxe est son appel à l’intégration de toute la vie de l’Église. Concernant le mariage, la question principale n’est pas sa " validité " ou son " invalidité ", mais ce qui a été offert et sanctifié dans la vie de l’Église ; non pas ce qui est légal et commode en ce monde, mais ce qui a été consacré en vue de sa perfection dans le monde à venir. " Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ " (Galates 3,27). Un chrétien orthodoxe qui exclut son mariage de la bienveillante union avec le Christ dans l’Église, s’exclut assurément de la communion de l’Église

B. Le pasteur doit consulter l’évêque de son diocèse avant de rendre une décision finale dans le cas de couples orthodoxes mariés hors de l’Église orthodoxe.

Un prêtre découvre parfois que certains membres communiant dans sa paroisse n’ont pas été mariés dans l’Église orthodoxe. Souvent de telles personnes ont été mal informées et/ou victimes de circonstances particulières (guerre, autorités civiles anti-religieuses, absence d’une église orthodoxe etc.). Bien entendu, en de tels cas, un pasteur se doit d’exercer une grande sagesse, faire preuve de compréhension et de compassion. Mais la sollicitude du prêtre ne doit pas se muer en une affection trop humaine. Le pasteur doit plutôt évaluer objectivement chaque cas et, de concert avec son évêque, prendre la voie appropriée.

On rappelle par la même occasion aux pasteurs que les convertis à l’orthodoxie ne doivent pas se remarier lorsqu’ils entrent dans l’Église orthodoxe.

IV. LES MARIAGES MIXTES

A. Le but d’un mariage chrétien est de réaliser la complète et parfaite unité du mari et de la femme en Dieu dans sa sainte Église.

" C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne seront qu’une seule chair " (Éphésiens 5, 31), et " que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a uni ! " (Matthieu 19, 6).

Ce sens du mariage, par opposition aux indifférences religieuses, constitue la base des canons de l’Église qui interdisent les mariages mixtes. L’Église en fait tolère les mariages mixtes, mariages entre orthodoxes et non-orthodoxes, à cause de son souci pastoral et de son amour envers ses fidèles. De nos jours d’ailleurs, de tels mariages sont au moins aussi nombreux que les mariages entre orthodoxes. Mais les mariages mixtes ne devraient être considérés comme étant tout à fait " normaux ". Ils sont permis, mais dans l’espoir que l’époux ou l’épouse hétérodoxe sera sanctifié par son partenaire orthodoxe, viendra à embrasser la foi orthodoxe et demandera admission au sein de l’Église.

B. Les couples unis dans le mariage dans une église orthodoxe doivent être encouragés d’abandonner toute indifférence religieuse.

L’unité en Dieu constituant la base et le but du mariage, les partenaires d’un mariage mixte doivent demeurer ouverts, dans un esprit d’amour, de confiance et de liberté, à la connaissance de la foi de leur partenaire. L’Église orthodoxe, étant le domicile ultime de tous ceux qui recherchent la plénitude de la grâce et de la vérité en Christ, accueille favorablement une telle quête de la part de tous les hommes. Le parti orthodoxe d’un mariage mixte doit s’efforcer à devenir un chrétien exemplaire en tous points, et doit à la fois savoir et pouvoir exprimer pourquoi il ou elle n’accepte pas les idées religieuses de son partenaire non-orthodoxe. Ainsi le parti orthodoxe peut vraiment consacrer, comme l’affirme saint Paul, son épouse dans la foi et l’Église. Les deux membres d’un mariage mixte doivent prier pour leur unité en " un seul Dieu et Père de tous... " (Éphésiens 4, 5-6). Les deux doivent convenir de prier, étudier, discuter et rechercher une telle unité jusqu’à leur dernier jour, ne s’arrêtant ni sur des arrangements ni sur des accommodations à l’effet contraire.

C. La tolérance des mariages mixtes par l’Église ne s’étend pas à ceux entre orthodoxes et non-chrétiens

Par exemple, ceux qui appartiennent à des sectes ne pratiquant pas le baptême au nom de la Sainte Trinité, tels les Quakers, les Mormons, les Témoins de Jéhovah et les Unitariens, ou ceux qui maintenant rejettent le Christ, même s’ils ont pu déjà avoir été baptisés au nom de la Trinité, par exemple un converti du catholicisme romain, du luthéranisme etc., à l’une des sectes ci-haut mentionnées.

L’office du mariage invoque à maintes reprises la bénédiction de la Sainte Trinité, et le mariage même fait de cette Trinité son modèle : Père, Fils et Saint Esprit, trois personnes vivant en parfaite unité d’amour. L’office du mariage redemande au Christ d’être présent maintenant et de bénir le mariage qui a lieu en ce moment, ainsi qu’à Cana en Galilée. Ces expressions de la foi de l’Église ne peuvent être réduites à de simples formalités. Ceux qui n’acceptent pas Jésus comme le Seigneur et le Sauveur et qui ne confessent pas la Sainte Trinité que l’avènement de celui-ci a révélée au monde, qui n’ont pas scellé cette acceptation et cette confession par un baptême trinitaire, ne peuvent librement et sans hypocrisie accepter la bénédiction que le Christ donne au mariage. Ils ne peuvent pas être mariés dans l’Église orthodoxe.

Il incombe aux pasteurs de rencontrer et conseiller les couples en de telles circonstances, les exhortant avec gentillesse et amour, mais fermement et avec conviction, à une vraie et parfaite union au Christ dans l’Église, " qui est son corps, la plénitude de celui que Dieu remplit lui-même totalement " (Éphésiens 1, 23).

D. La participation active du clergé non-orthodoxe aux offices et aux sacrements de l’Église orthodoxe est interdite ; inversement, la participation active du clergé orthodoxe aux offices et aux rites non-orthodoxes est interdite.

Une " participation active " comprend le port de vêtements, la lecture de prières ou des Écritures, la bénédiction et le prêche d’un sermon. Une participation même très limitée d’un clergé non-orthodoxe dans le contexte d’un rite orthodoxe (et, inversement, une participation orthodoxe à un office non-orthodoxe) est facilement prise à contresens comme s’il s’agissait d’une " cérémonie conjointe " et comme si telle " cérémonie conjointe " venait effectivement d’être célébrée.

Comme les mariages mixtes requièrent souvent une telle participation, les pasteurs doivent faire preuve d’une vigilance spéciale en paroles et en actes afin d’expliciter la position orthodoxe. De plus, tout membre de l’Église orthodoxe devrait se rappeler qu’une participation à la Sainte Communion dans tout autre milieu chrétien l’exclut dorénavant de la communion dans l’Église orthodoxe.

V. SECONDS ET TROISIÈMES MARIAGES

A. L’Église orthodoxe considère un seul mariage comme étant la norme.

Pour cette raison, les hommes qui se sont mariés après leur baptême deux fois ou qui ont épousé une veuve, ne sont pas reçus comme candidats à la prêtrise (Canons apostoliques 17 et 18). Le mariage est un mystère, une union spirituelle permanente qui transcende le corps physique, et que même la mort ne peut pas détruire.

Ainsi donc, les canons de l’Église, le second canon de saint Basile le Grand, par exemple, imposent une pénitence aux veuves et aux veufs qui se remarient. Saint Paul, toutefois, recommande aux veuves et aux veufs de se remarier si leur solitude mine leur bien-être spirituel : " Je dis donc aux célibataires et aux veuves qu’il est bon de rester ainsi, comme moi, mais s’ils ne peuvent vivre dans la continence, qu’ils se marient ; car il vaut mieux se marier que brûler " (1 Corinthiens 7, 8-9).

Sur ce, l’Église permet le remariage et lui accorde une bénédiction appropriée.

B. L’office du second mariage, tel qu’il se trouve dans l’Euchologe, doit servir lorsque les deux partis entrent en second mariage.

C. Tout en tolérant un second mariage et dans certains cas un troisième, l’Église interdit une quatrième union matrimoniale.

La tradition orthodoxe est ici gouvernée par le " Tome de l’union " du concile de Constantinople de 920, qui rejette tout à fait un quatrième mariage et permet un troisième mariage, avec une pénitence lourde, à ceux qui ont moins de quarante ans seulement, à moins qu’ils n’aient aucun enfant de leurs mariages précédents.

VI. DIVORCE ET REMARIAGE

A. Le Seigneur lui-même condamna expressément le divorce : " Je vous le dis : si quelqu’un répudie sa femme – sauf en cas d’union illégale – et en épouse une autre, il est adultère " (Matthieu 19, 9).

L’Église et ses pasteurs doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour conseiller ses membres contre le divorce. L’Église ne permet pas plus le divorce que le péché ; elle ne saurait permettre ce que le Seigneur a expressément condamné.

L’Église peut montrer sa miséricorde et, le fait ; elle accorde son pardon et sympathise avec les couples qui doivent envisager la grave alternative du divorce afin de sauver leurs vies des tragiques circonstances d’un mariage brisé. Dans de telles situations douloureuses, l’Église offre le choix du repentir et du pardon avec la possibilité d’un nouveau commencement, tout en laissant au Seigneur le soin d’un jugement final. En de tels cas, les pasteurs doivent tendre à limiter les dommages causés à la vie spirituelle du couple et de leurs enfants.

B. La permission de se remarier selon l’office du second mariage peut éventuellement être accordée aux personnes divorcées.

Quand des personnes ayant obtenu un divorce civil demandent une clarification de leur statut dans l’Église, le prêtre doit écrire un rapport de toute la question à l’évêque diocésain du lieu. Il doit rédiger clairement son analyse de la situation et avancer des suggestions précises d’action par l’évêque. Dans son analyse, il doit non seulement tenir compte du statut formel des personnes impliquées, mais encore de leur condition spirituelle complète. La décision hiérarchique pouvant retenir, rejeter ou modifier les recommandations du pasteur, donnera les raisons qui la motivent. Une période de pénitence peut être imposée à l’un comme aux deux partis d’un mariage qui s’est terminé en un divorce.

VII. MARIAGE ET VIE FAMILIALE

A. L’Église orthodoxe rejette toute vision du mariage fondée sur la gratification de soi.

Tout mariage fondé sur la gratification personnelle exclut le Christ, sa Croix et sa Résurrection. Il nie que le mariage doit être la vivante image de la relation entre le Christ et son Église : englobante, unique et éternelle.

Les " mariages ouverts " et les " mariages contractés ", par exemple, présupposent tous deux que le mariage n’est qu’un arrangement humain, partiel et limité, appartenant à ce monde. Dans de telles alliances, chaque époux choisit chez l’autre certains aspects gratifiants de la vie – le rapport sexuel, la sécurité économique, un compagnonnage bien défini et/ou une aide mutuelle – et fonde sur ceux-ci sa relation conjugale. Les " mariages ouverts " en particulier donnent libre cours à une quête déchue de gratification personnelle et conduit les couples vers une recherche sans fin de nouveaux partenaires sexuels, privant ainsi le mariage de son caractère unique fondamental.

B. Nulle forme de relation sexuelle ne saurait combler une vie humaine telle que créée et sanctifiée par Dieu sauf la relation unique d’un homme et d’une femme dans la communauté du mariage.

Dans la confusion morale qui prévaut de nos jours, on a isolé les rapports sexuels des responsabilités d’une union matrimoniale totale, de cœur et de pensée, de corps, d’âme et d’esprit. Ces rapports sont devenus une fin en soi et sont proclamés tels par la philosophie individualiste et indulgente pour soi qui nous confronte chaque jour. Cette philosophie fait prétendre que le mariage n’est qu’une hypocrisie : l’obtention d’une " preuve justificatrice " visant à rendre les rapports sexuels légaux. Il en résulte une foule d’attitudes et de comportements, y compris le cas de couples cohabitant ouvertement et/ou engagés dans les rapports sexuels hors de la communauté du mariage et prétendant trouver une satisfaction totale et même la plénitude en un tel accommodement.

Une telle vision des rapports sexuels et de l’amour est dégradante et inadéquate pour l’être humain créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Dieu créa l’homme et la femme non pas pour qu’ils abusent l’un de l’autre, mais afin qu’ils s’aiment et vivent l’un pour l’autre librement et totalement en communauté de mariage, reflétant cette divine image et ressemblance dans le caractère complémentaire de leur union. Aussi grande que soit son importance et aussi centrale que soit sa place pour jauger les profondeurs de la chute de l’homme et ses conséquences, le rapport sexuel n’en demeure pas moins qu’un aspect de la vie humaine. En Dieu, en vertu de l’œuvre salvatrice du Christ et de la présence de l’Esprit Saint, en tant qu’êtres humains, nous ne sommes liés ni déterminés par rien, même pas par le sexe. Tout déterminisme biologique a été aboli. La mort est vaincue. La puissance du péché a été défaite. Dieu s’est fait homme, afin que l’homme puisse de nouveau vivre et habiter en Dieu. En nous jouissons de la liberté gratuite de l’Esprit, " amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi " (Galates 5, 22).

Ceci est à l’opposé des œuvres de la chair, que saint Paul appelle " libertinage, impureté, débauche, idolâtrie, magie, haines, discorde, jalousie, emportement, rivalités, dissensions, factions, envie, beuveries, ripailles et autres choses semblables " (Galates 5, 19-21). En Christ et par l’Esprit Saint, l’être humain est rétabli dans sa plénitude originelle : corps, âme, cœur, pensée et esprit.

Dans le saint mariage, mari et femme sont amenés à réaliser l’unité dans sa plénitude, unité englobant tous les aspects de la vie humaine, et non pas seulement sa sexualité. Les prières de la cérémonie du mariage demandent que le lit conjugal demeure exempt de tout déshonneur et de toute souillure : qu’il soit à l’image de la relation privilégiée qui existe entre le Christ, le Fiancé, d’une part, et d’autre part, l’Église, sa Fiancée sainte et bien-aimée ; que, de même, le couple soit béni afin de vivre ensemble dans la pureté, marcher selon les commandements de Dieu, partager un amour parfait et paisible, croître dans un esprit uni et une foi constante ; que lui soit accordée toute bénédiction au ciel et sur la terre, afin qu’en retour il puisse donner à ceux qui sont dans le besoin. Tenant compte de l’homme en son entier, l’Église affirme que le don réciproque d’un homme et d’une femme dans le rapport sexuel trouve son plein accomplissement dans l’amour total et divinement sanctifié qui est au centre du mariage chrétien.

Un amour partiel, non-engagé, égoïste et enraciné dans la concupiscence n’est pas vraiment amour ; car " Dieu est amour " (1 Jean 4, 8) ; il s’est révélé dans le don total et irrévocable de son Fils, jusqu’à la mort humiliante sur la croix, ainsi que dans l’effusion gratuite et pénétrante de son Esprit Saint, qui est " partout et emplit toutes choses ". De toute évidence, le saint apôtre Paul a présente à l’esprit cette divine manifestation d’amour, lorsqu’il écrit : " L’amour prend patience, l’amour rend service, il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il n’entretient pas de rancune, il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il trouve sa joie dans la vérité. Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne disparaît jamais... " (1 Corinthiens 13, 4-8). Tel est l’amour qui sert de fondement au mariage chrétien : " Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Église et s’est livré pour elle... " (Éphésiens 5, 25).

VIII. LA RÉGULATION DES NAISSANCES

A. La suprême bénédiction d’un amour matrimonial divinement sanctifié, son miracle le plus grand, c’est la procréation des enfants. Éviter celle-ci par le contrôle des naissances (ou, plus précisément, par la prévention de la conception), c’est pécher contre la volonté de Dieu dans le mariage.

Dieu a manifesté son amour par la création du monde. L’amour sanctifié du mariage – amour plein de l’Esprit qui donne la vie – a pour fruit les enfants. Les parents doivent accepter ceux-ci comme le plus grand don de Dieu – le don de l’amour. La liturgie du mariage établit un lien indissoluble entre mariage et procréation. Dans les litanies, on demande la naissance d’enfants sains ; cette demande suit immédiatement la bénédiction sur le couple uni dans le mariage. Les trois grandes prières de cette liturgie expriment ce même lien. Ainsi prions-nous : " Donne-leur une descendance aussi nombreuse que les épis de grain, afin qu’ayant suffisamment de toutes choses, ils puissent multiplier les œuvres qui te soient bonnes et agréables. Fais qu’il voient les enfants de leurs enfants, comme des plants d’olivier autour de leur table, afin qu’ils trouvent grâce à tes yeux, et brillent comme les étoiles au ciel, en toi notre Dieu. "

Les chrétiens orthodoxes ne doivent pas se laisser influencer par les calculs abstraits de statisticiens, sur l’explosion des populations, ou sur le besoin d’un contrôle des naissances et d’une planification familiale. L’Église est consciente des problèmes qui peuvent surgir, sur le plan social, médical et économique, mais elle réaffirme que les statistiques ne reflètent ni le souci providentiel de l’amour divin, ni les voies insondables du salut du monde. Le souci des statistiques risque de nous dépersonnaliser et de nuire à notre collaboration avec Dieu dans la procréation. Le but de toute vie chrétienne est l’accomplissement de la volonté de Dieu, qui peut comprendre la procréation.

B. Pour toute décision difficile concernant la pratique du contrôle des naissances, les familles orthodoxes doivent vivre sous la direction des pasteurs de l’Église et demander quotidiennement la miséricorde et le pardon de Dieu.

Maris et femmes orthodoxes doivent discuter de la prévention de la conception, à la lumière des circonstances de leurs vies personnelles. Ils garderont présentes à l’esprit la relation normale entre l’amour matrimonial sanctifié et la procréation des enfants. On ne saurait approuver une régulation des naissances qui soit motivée par l’égoïsme ou le manque de confiance en la divine providence.

 IX. L’AVORTEMENT

A. L’Église condamne l’avortement, où elle voit une forme de meurtre.

La doctrine orthodoxe est bien exprimée par le canon 91 du 6e concile œcuménique. Ceux qui pourvoient des drogues pour l’avortement, comme ceux qui les acceptent dans le but de tuer le fœtus, sont passibles de condamnation pour meurtre. L’avortement volontaire d’enfants à naître est un acte meurtrier, contraire à la volonté de Dieu. L’enfant non encore né est une vie humaine en puissance, et non une simple possibilité de vie humaine. L’Église reconnaît l’existence de certains cas extrêmes où s’impose la sauvegarde d’une vie humaine en péril. Elle sympathise pleinement avec ceux qui doivent prendre une décision difficile. Une de ces circonstances peut être le danger de mort, clairement diagnostiqué où se trouve une mère en gésine. La mère doit décider entre sa propre survie et celle de l’enfant qu’elle porte. Peu importent les lois des gouvernements ou les jugements des cours, l’Église ne saurait tolérer la destruction volontaire d’un enfant, à quelque stade qu’en soit son développement. Il ne s’agit, pour elle, de rien d’autre que la destruction de la vie.

Première publication en anglais en 1976 ;
la traduction française fut publiée en 1986
par la Fraternité orthodoxe
Saint-Jean-le-Précurseur (Québec).


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Introduction aux Pages du Mariage et
de la Vie Chrétienne dans le Monde

 


Dernière modification: 
Samedi 30 juillet 2022