Prières et offices

Exaltation de la Sainte Croix (14 septembre)

 

TROPAIRE
KONDAKION
ÉVANGILE DES MATINES
À LA LITURGIE DE LA FÊTE :
    ANTIENNES
    ENTRÉE ET PROKIMENON
    ÉPÎTRE ET ALLÉLUIA
    ÉVANGILE
    MÉGALINAIRE ET COMMUNION
MÉDITATION SUR LA FÊTE
    NOTES

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TROPAIRE
(Ton 1)

Seigneur, sauve ton peuple, et bénis ton héritage, accorde à tes fidèles victoire sur les ennemis et sauvegarde par ta Croix les nations qui t’appartiennent.

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KONDAKION
(Ton 4)

Toi qui souffris librement d'être exalté sur la Croix, au nouveau peuple appelé de ton Nom accorde ta bienveillance, ô Christ notre Dieu, donne force à tes fidèles serviteurs, les protégeant de toute adversité : Que ton alliance leur soit une arme de paix, un invincible trophée !

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ÉVANGILE DES MATINES
(Jn 12, 28-36)

Le Seigneur dit : " Père, glorifie ton nom ! " Du ciel vint alors une voix : " Je l'ai glorifié et de nouveau je le glorifierai. " La foule qui se tenait là et qui avait entendu, disait qu'il y avait eu un coup de tonnerre ; d'autres disaient : " Un ange lui a parlé. " Jésus reprit : " Ce n'est pas pour moi qu'il y a eu cette voix, mais pour vous. C'est maintenant le jugement de ce monde ; maintenant le Prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, une fois élevé de terre, j'attirerai tous les hommes à moi. " Il signifiait par là de quelle mort il allait mourir. La foule alors lui répondit : " Nous avons appris de la Loi que le Christ demeure à jamais. Comment peux-tu dire : "Il faut que soit élevé le Fils de l'homme" ? Qui est ce Fils de l'homme ? " Jésus leur dit : " Pour peu de temps encore la lumière est parmi vous. Marchez tant que vous avez la lumière, de peur que les ténèbres ne vous saisissent : celui qui marche dans les ténèbres ne sait pas où il va. Tant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin de devenir des fils de lumière. " Ainsi parla Jésus, et s'en allant il se déroba à leur vue.

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À LA LITURGIE DE LA FÊTE :

ANTIENNES

PREMIÈRE ANTIENNE

Seigneur mon Dieu, écoute-moi, pourquoi m'as-tu abandonné ?

Refrain : Par les prières de la Mère de Dieu, ô Sauveur, sauve-nous.

Pourquoi t'éloignes-tu sans me sauver, sans écouter mes gémissements ? (Refrain)

Et pourtant tu habites le sanctuaire, gloire d'Israël. (Refrain)

Gloire au Père... Maintenant... (Refrain)

DEUXIÈME ANTIENNE

Pourquoi, Seigneur, nous rejeter jusqu'à la fin, t'irriter contre les brebis de ton bercail ?

Refrain : Sauve-nous, ô Fils de Dieu, crucifié dans ta chair,
nous qui te chantons, alléluia.

Souviens-toi de ton peuple que tu as acquis dès l'origine, que tu rachetas comme la tribu de ton héritage. (Refrain)

Dieu est notre roi depuis toujours, au milieux de la terre il accomplit le salut. (Refrain)

Gloire au Père... Maintenant...

Fils unique et Verbe de Dieu...

TROISIÈME ANTIENNE

Le Seigneur règne, que tremble les peuples ! Il siège sur les chérubins, que chancelle la terre !

Refrain : Seigneur, sauve ton peuple, et bénis ton héritage, accorde à tes fidèles victoire sur les ennemis et sauvegarde par ta Croix les nations qui t’appartiennent. (Le Tropaire)

En Sion le Seigneur est grand, exalté par-dessous tous les peuple. (Refrain)

Que les peuples célèbrent ton Nom de majesté, car il est saint et redoutable. (Refrain)

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ENTRÉE ET PROKIMENON

CHANT D'ENTRÉE

Exaltez le Seigneur notre Dieu, proternez-vous devant son trône, car il est saint. Sauve-nous, ô Fils de Dieu, crucifié dans ta chair, nous qui te chantons, alléluia.

À LA PLACE DU TRISAGION :

Devant ta Croix nous nous prosternons, ô Maître,
et ta sainte Résurrection, nous la chantons.

PROKIMENON (Ps 98, 5 ; 1)

Exaltez le Seigneur notre Dieu,
prosternez-vous devant son trône, car il est saint.

Verset : Le Seigneur règne,
que tremblent les peuples !

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ÉPÎTRE ET ALLÉLUIA

ÉPÎTRE (1 Co 1, 18-24)

Frères, le langage de la croix, en effet, est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, pour nous, il est puissance de Dieu. Car il est écrit : Je détruirai la sagesse des sages, et l'intelligence des intelligents je la rejetterai. Où est-il, le sage ? Où est-il, l'homme cultivé ? Où est-il, le raisonneur de ce siècle ? Dieu n'a-t-il pas frappé de folie la sagesse du monde ?  Puisqu'en en effet le monde, par le moyen de la sagesse, n'a pas reconnu Dieu dans la sagesse de Dieu, c'est par la folie du message qu'il a plu à Dieu de sauver les croyants. Alors que les Juifs demandent des signes et que les Grecs sont en quête de sagesse, nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs, c'est le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu.

ALLÉLUIA (Ps 73, 2 ; 12)

Souviens-toi de ton peuple,
que tu as acquis dès l'origine.

Verset : Dieu est notre Roi depuis toujours,
au milieu de la terre il accomplit le salut.

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ÉVANGILE
(Jean 19, 6-11 ; 13-20 ; 25-28 ; 30-35)

En ce temps-là, tous les grands prêtres et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus, pour le faire mourir. Et ils se rendirent auprès de Pilate en disant : " Crucifie-le ! Crucifie-le ! " Pilate leur dit : " Prenez-le, vous, et crucifiez-le ; car moi, je ne trouve pas en lui de motif de condamnation. " Les Juifs lui répliquèrent : " Nous avons une Loi et d'après cette Loi il doit mourir, parce qu'il s'est fait Fils de Dieu. " Lorsque Pilate entendit cette parole, il fut encore plus effrayé. Il entra de nouveau dans le prétoire et dit à Jésus : " D'où es-tu ? " Mais Jésus ne lui donna pas de réponse. Pilate lui dit donc : " Tu ne me parles pas ? Ne sais-tu pas que j'ai pouvoir de te relâcher et que j'ai pouvoir de te crucifier ? " Jésus lui répondit : " Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi, si cela ne t'avait été donné d'en haut. " Pilate, entendant ces paroles, amena Jésus dehors et le fit asseoir au tribunal, en un lieu dit le Dallage, en hébreu Gabbatha. Or c'était la Préparation de la Pâque ; c'était vers la sixième heure. Il dit aux Juifs : " Voici votre roi. " Eux vociférèrent : " A mort ! A mort ! Crucifie-le ! " Pilate leur dit : " Crucifierai-je votre roi ? " Les grands prêtres répondirent : " Nous n'avons de roi que César ! " Alors il le leur livra pour être crucifié. Ils prirent donc Jésus. Et il sortit, portant sa croix, et vint au lieu dit du Crâne - ce qui se dit en hébreu Golgotha - où ils le crucifièrent et avec lui deux autres : un de chaque côté et, au milieu, Jésus. Pilate rédigea aussi un écriteau et le fit placer sur la croix. Il y était écrit : " Jésus le Nazôréen, le roi des Juifs ". Cet écriteau, beaucoup de Juifs le lurent, car le lieu où Jésus fut mis en croix était proche de la ville, et c'était écrit en hébreu, en latin et en grec.
Or près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. Jésus donc voyant sa mère et, se tenant près d'elle, le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : " Femme, voici ton fils. " Puis il dit au disciple : " Voici ta mère. " Dès cette heure-là, le disciple l'accueillit chez lui. Après quoi, sachant que désormais tout était achevé, Jésus inclina la tête et il remit l'esprit.
Comme c'était la Préparation, les Juifs, pour éviter que les corps restent sur la croix durant le sabbat - car ce sabbat était un grand jour -, demandèrent à Pilate qu'on leur brisât les jambes et qu'on les enlevât. Les soldats vinrent donc et brisèrent les jambes du premier, puis de l'autre qui avait été crucifié avec lui. Venus à Jésus, quand ils virent qu'il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais l'un des soldats, de sa lance, lui perça le côté et il sortit aussitôt du sang et de l'eau. Celui qui a vu rend témoignage - son témoignage est véritable.

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MÉGALINAIRE ET COMMUNUION

MÉGALINAIRE

Magnifie, ô mon âme, la très précieuse Croix du Seigneur.
Mère de Dieu, tu es l'image du paradis, toi qui sans semailles ni labours as fait germer le Christ, par qui la sainte Croix, le nouvel arbre de vie, fut plantée sur la terre ; et, au jour de son Exaltation, nous prosternant devant le Christ, nous te magnifions.

CHANT DE COMMUNION 

Sur nous, Seigneur, a resplendi comme un signe la lumière de ta face, tu nous donnes la joie et nos coeurs débordent d'allégresse. Alléluia.

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MÉDITATION SUR LA FÊTE
AVEC LE PÈRE LEV GILLET

L’Exaltation de la Sainte Croix

Au seuil de l’année liturgique, nous avons rencontré la bienheureuse Vierge Marie ; nous y rencontrons aussi la croix du Sauveur. Ces deux thèmes ne sauraient être absents de notre prière et de notre méditation sans un appauvrissement de celles-ci. Peu de jours après la nativité de Marie, L’Église célèbre la fête de l’exaltation de la croix (14 septembre). Au-delà du bois même de la croix, au-delà des circonstances historiques parmi lesquelles le culte de la croix s’est développé [47], attachons-nous à tout ce que l’idée même de la croix de Jésus contient de spirituel et d’éternel.

L’Église nous prépare, une semaine d’avance, à la fête de la croix. Le dimanche qui précède celle-ci, outre l’épître et l’évangile propres à ce dimanche, une autre épître et un autre évangile sont lus, en rapport spécial avec la croix. Dans l’épître (Ga 6, 11-18), Saint Paul nous dit qu’un chrétien ne saurait se glorifier " sinon dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ qui a fait du monde un crucifié pour moi, et de moi un crucifié pour le monde ". Dans l’évangile (Jn 3, 13-17), nous lisons : " Comme Moïse éleva le serpent au désert [48], ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l’homme, afin que tout homme qui croit ait par lui la vie éternelle. Oui, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle ".

À l’approche de la fête de la croix, il n’est pas inutile de nous rappeler que la croix dont il s’agit, c’est la croix sur laquelle Jésus-Christ a été crucifié pour notre salut. La décision de " porter notre croix " – idée si profondément évangélique, et sans laquelle cette fête de la croix demeurerait une abstraction – est un aspect essentiel, mais secondaire, du mystère de la croix. L’aspect principal, c’est que nous sommes sauvés par la Passion de Jésus. L’attention des chrétiens d’Orient, qui se porte si facilement et avec tant d’enthousiasme vers l’incarnation du Christ, ne doit pas délaisser le mystère de l’expiation. Le Christ est Dieu fait homme ; il est vainqueur et ressuscité. Mais il est aussi le Rédempteur crucifié. Les fêtes de la croix sont pour nous une occasion de méditer sur la signification du Sang du Christ dans notre vie spirituelle, sur la mort du Sauveur comme réparation de nos péchés, sur le rapport entre la croix et l’amour. Elles nous sont une occasion précieuse d’approfondir l’article du symbole de Nicée où nous confessons que Jésus est mort " pour nous, hommes, et pour notre salut ".

Au cours des vêpres célébrées le soir du 13 septembre, trois lectures de l’Ancien Testament nous montrent l’ombre de la croix déjà projetée sur l’histoire d’Israël. La première de ces lectures est tirée du livre de l’Exode (15, 22 – 16,1). Quand les Hébreux étaient dans le désert de Shur, ils y trouvèrent des eaux amères qu’ils ne pouvaient pas boire ; ils murmuraient contre Moïse. Celui-ci " cria alors vers Yahvé et Yahvé lui indiqua une sorte de bois… L’ayant jeté dans l’eau, celle-ci devint douce ". Ainsi l’arbre de la croix, plongé dans nos amertumes, peut-il les adoucir. La deuxième lecture est tirée des Proverbes (3, 11-18). Elle débute ainsi : " Ne méprise pas, mon fils, la correction de Yahvé… car Yahvé reprend celui qu’il chérit, comme un père, son fils bien-aimé ". Ces paroles jettent une vive lumière sur Jésus portant le châtiment des péchés du monde, et sur le rapport entre l’amour du Père pour le Fils et la croix du Fils ; elles nous indiquent aussi dans quel esprit nous devons accepter – et rechercher – le châtiment de nos propres péchés. Puis, après avoir fait un éloge de la sagesse, l’auteur des Proverbes [49] conclut : " C’est un arbre de vie pour qui la saisit ". La croix, qui semble au monde une " folie ", est sagesse même. Elle est identifiée avec l’arbre de vie du paradis terrestre [50]. La troisième lecture (Is 60, 11-16) annonce à Sion sa gloire future ; le passage semble avoir été choisi à cause d’un verset où sont mentionnés divers arbres qui contribueront à la beauté du Temple : " La gloire du Liban viendra chez toi, avec le cyprès, le platane et le buis, pour embellir le lieu de mon sanctuaire, pour glorifier le lieu où je me tiens ". Mais c’est l’arbre de la croix qui est le vrai bois invisible du sanctuaire.

Aux matines du 14 septembre, l’évangile qu’on lit (Jn 12, 23-36) et qui est le début du discours après la Cène, ne semble pas avoir de rapport direct avec la croix. Cependant la parole de Jésus : " La voici venue l’heure où le Fils de l’homme doit être glorifié… " a un rapport mystérieux avec la Passion du Seigneur et avec la fête d’aujourd’hui. De même la phrase de Jésus à Pierre : " où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; tu me suivras plus tard ". Que chacun de nous découvre ce que cette phrase contient pour lui-même.

Après la grande doxologie des matines s’accomplit aujourd’hui un rite spécial. La croix habituellement posée sur l’autel est mise sur un plateau et entourée de fleurs ; le prêtre, tenant ce plateau au-dessus de sa tête, sort du sanctuaire ; les ministres inférieurs le précèdent, avec l’encens et les lumières. Mais aujourd’hui c’est par une des portes latérales de l’iconostase, la porte du nord, que la croix quitte le sanctuaire ; ce n’est pas, comme d’habitude, par la porte du centre ou " porte royale ". Cela signifie que la voie de la croix est une voie d’abaissement et d’humilité. La procession, ayant franchi l’iconostase, s’arrête devant la " porte royale " et fait face à l’Orient. Le prêtre proclame (comme on le fait pendant la liturgie lorsque l’évangile est solennellement porté sur l’autel) : " Sagesse ! tenons-nous debout ! ". Car la croix, cette folie apparente, est le symbole de la sagesse divine. Cependant la procession se tourne vers l’Occident. La croix est déposée sur un pupitre placé au milieu de l’église et orné de fleurs. Les fidèles s’approchent, se prosternent, puis baisent la croix. Dans les cathédrales et les monastères, un autre rite s’ajoute à celui-ci. Le chœur commence à chanter l’invocation : " Seigneur, aie pitié ! ". Elle est répétée cent fois. Le prêtre, tenant la croix, bénit les quatre points cardinaux ; puis il s’incline très lentement, et, à mesure qu’il se courbe, le chœur continue les invocations sur un ton descendant. Quand le chœur arrive à la cinquantième invocation, le prêtre est profondément incliné, tout proche du sol et tenant toujours la croix (oh, que cette croix descende ainsi vers tous ceux qui sont tombés le plus bas, vers toutes les misères extrêmes ; et qu’ainsi elle descende vers moi, en moi, et soit peu-à-peu plongée dans mon cœur !). Puis le prêtre se redresse avec la même lenteur, et, tandis que le chœur chante les cinquante autres invocations sur un ton qui maintenant monte de plus en plus, il élève la croix, il l’ " exalte " (" quand je serai élevé de terre, j’attirerai tout à moi… ". Le prêtre bénit de nouveau le peuple avec la croix, puis remet celle-ci sur le pupitre, où elle demeure jusqu’à la liturgie.

Nous lisons, dans l’évangile de la liturgie de ce jour (Jn 19, 6-11, 13-20, 25-28, 30-35), le récit un peu abrégé de la Passion. Dans l’épître (1 Co 1, 18-24), Paul proclame le grand paradoxe chrétien que nous avons si souvent entendu qu’il a peut-être cessé d’être pour nous le choc renouvelant qu’il devrait être : " …Dieu n’a-t-il pas frappé de folie la sagesse du monde ? … Nous prêchons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païens… Le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu… Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes ".

Trois des chants de ce jour appellent particulièrement notre attention. Pendant que les fidèles baisent la croix, le chœur chante : " Devant ta croix nous nous prosternons, ô Maître, et nous louons ta sainte résurrection ". L’Église se préoccupe de ne jamais dissocier la croix du sépulcre, la crucifixion de la résurrection, la mort de la vie. La douleur du Vendredi saint aboutit à la joie de Pâques. Un autre chant rapproche de l’élévation du Christ sur la croix et le rayonnement de la lumière divine : " La lumière de ta face, Seigneur, est déployée sur nous ". Il y a là, envers la Passion, une attitude profondément grecque et byzantine. Enfin un autre chant associe Marie à la croix. Car Marie est le " paradis mystérieux " dans lequel s’est opérée la croissance du Christ, et le Christ lui-même " a planté sur terre l’arbre vivifiant de la croix ".

Le dimanche qui suit le 14 septembre comporte – comme celui qui le précède – une épître et un évangile se rapportant à la croix. L’épître (Ga 2, 16-20) a été choisie à cause de cette phrase de Paul : " Je suis crucifié avec le Christ et pourtant je vis… ". Dans l’évangile (Mc 8, 34 – 9,1), nous entendons l’avertissement donné pas Notre Seigneur : " Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais celui qui perd sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera ". Ici se trouve la conclusion pratique de la fête. Ce n’est pas seulement à quelques disciples choisis que Jésus adresse ces paroles, mais à nous tous : " Appelant la foule, en même temps que ses disciples, il leur dit… ". Notre Seigneur établit une gradation instructive, si nous savons la méditer, entre ces trois actes : renoncer à soi-même, prendre sa croix, suivre le Christ. Chacun doit prendre sa croix ; non point une croix qu’il aurait arbitrairement choisie, mais la croix – c’est-à-dire la part de souffrance et d’épreuve – que Dieu lui a assignée d’une manière spéciale et qui est l’un des aspects de la croix de Jésus lui-même. Dans la fête de l’exaltation de la croix, exaltons et intronisons dans notre cœur la croix de Jésus, en appliquant à la Passion de Notre Seigneur et même à nos pauvres efforts (qui sont notre participation à la Passion) cette parole par laquelle le mystère de la croix reçoit son interprétation la plus haute et la plus complète : " Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie… ".

NOTES

[47] Nous n’avons aucun renseignement historique sur ce que devint, après la Passion, la croix à laquelle Jésus fut attaché. Les récits relatifs à la découverte ou " invention " de la croix par Hélène, mère de Constantin, sont si imprécis et contradictoires qu’ils appartiennent au domaine de la légende. Ce qui est historiquement certain, c’est qu’en 335 la basilique du Saint-Sépulcre construite par ordre de Constantin à Jérusalem, était achevée. Elle fut dédiée le 14 septembre. En 347 on y vénérait une relique considérée comme le bois de la croix. La fête de l’exaltation de la croix était célébrée à Constantinople dès 614, à la date du 14 septembre. Les Perses, ayant conquis Jérusalem, emportèrent la " bois de la croix ", mais l’armée impériale le recouvra en 628. La relique ne revint à Jérusalem que pour peu de temps. Heraclius la rapporta définitivement à Constantinople en 633. On ne sait pas exactement ce qu’elle est devenue ; on la partageait d’ailleurs en menus fragments envoyés dans diverses églises. La fête du 14 septembre à Constantinople était précédée par quatre jours de préparation solennelle ; les deux dimanches entre lesquels elle tombait étaient eux aussi dédiés à la croix. L’Église latine vénère également la croix le 14 septembre. Outre cette fête, les Églises de rit byzantin consacrent à la vénération de la croix le troisième dimanche de carême et le 1er août.

[48] Le 21e chapitre du livre des Nombres raconte comment, les Israélites étant mordus par des serpents dans le désert, Dieu commanda à Moïse de fabriquer un serpent d’airain et de le fixer à un pieu : quiconque, après avoir été mordu par un serpent, regardait le serpent d’airain était guéri.

[49] Le livre des Proverbes porte, comme nom d’auteur, celui de Salomon. Il se peut que certains fragments du livre remontent à ce roi. Mais la plupart des exégète modernes considèrent que le livre est une collection de recueil de maximes postérieures à l’exil.

[50] D’après le récit de la Genèse (ch. 2 et 3), l’arbre de vie se trouvait au milieu du jardin ; ses fruits communiquaient l’immortalité physique. Il ne faut pas le confondre avec l’arbre de la connaissance du bien et du mal, dont Adam et Ève mangèrent le fruit. Ces descriptions ne doivent pas être entendues littéralement : elle sont des profonds symboles spirituels.

Extrait du livre L'An de grâce du Seigneur,
signé « Un moine de l'Église d'Orient »,
Éditions AN-NOUR (Liban) ;
Éditions du Cerf, 1988.

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Dernière modification: 
Samedi 23 juillet 2022