Sainte Rencontre ou Présentation du Christ au Temple (2 février)
TROPAIRE
KONDAKION
ÉPÎTRE DE LA LITURGIE DE L'AVANT-FÊTE
ÉVANGILE DE LA LITURGIE DE L'AVANT-FÊTE
ÉVANGILE DES MATINES
À LA LITURGIE DE LA FÊTE :
ANTIENNES
ENTRÉE ET PROKIMENON
ÉPÎTRE ET ALLÉLUIA
ÉVANGILE
MÉGALINAIRE ET COMMUNION
MÉDITATION SUR LA FÊTE
NOTES
Réjouis-toi, Pleine de grâce, Vierge Mère de Dieu,
car de toi s’est levé le Soleil de Justice,
le Christ notre Dieu, illuminant ceux
qui étaient dans les ténèbres.
Réjouis-toi aussi, juste vieillard Siméon,
car dans tes bras tu as porté le libérateur de nos âmes
qui nous permet de prendre part
à sa divine Résurrection.
Seigneur, qui par ta naissance as sanctifié
le sein de la Vierge,
par ta Présentation tu as béni les mains de Siméon.
En venant à notre rencontre tu nous as sauvés,
ô Christ notre Dieu.
Donne en notre temps la paix à ton Église,
affermis nos pasteurs dans ton amour,
toi le seul ami des hommes.
ÉPÎTRE DE LA LITURGIE
DE L'AVANT-FÊTE
(Ro 8, 28-39)
Frères, nous savons qu'avec ceux qui l'aiment, Dieu collabore en tout pour leur bien, avec ceux qu'il a appelés selon son dessein. Car ceux que d'avance il a discernés, il les a aussi prédestinés à reproduire l'image de son Fils, afin qu'il soit l'aîné d'une multitude de frères ; et ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés ; ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés ; ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés. Que dire après cela ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n'a pas épargné son propre Fils mais l'a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous accordera-t-il pas toute faveur ? Qui se fera l'accusateur de ceux que Dieu a élus ? C'est Dieu qui justifie. Qui donc condamnera ? Le Christ Jésus, celui qui est mort, que dis-je ? ressuscité, qui est à la droite de Dieu, qui intercède pour nous ? Qui nous séparera de l'amour du Christ ? la tribulation, l'angoisse, la persécution, la faim, la nudité, les périls, le glaive ? selon le mot de l'Écriture : A cause de toi, l'on nous met à mort tout le long du jour ; nous avons passé pour des brebis d'abattoir. Mais en tout cela nous sommes les grands vainqueurs par celui qui nous a aimés. Oui, j'en ai l'assurance, ni mort ni vie, ni anges ni principautés, ni présent ni avenir, ni puissances, ni hauteur ni profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus notre Seigneur.
ÉVANGILE DE LA LITURGIE
DE L'AVANT-FÊTE
(Lc 10,19-21)
En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : Voici que je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds serpents, scorpions, et toute la puissance de l'Ennemi, et rien ne pourra vous nuire. Cependant ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous de ce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. " A cette heure même, il tressaillit de joie sous l'action de l'Esprit Saint et il dit : " Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir.
ÉVANGILE DES MATINES
(Lc 2, 25-32)
En ce temps-là, il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon. Cet homme était juste et pieux ; il attendait la consolation d'Israël et l'Esprit Saint reposait sur lui. Et il avait été divinement averti par l'Esprit Saint qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Christ du Seigneur. Il vint donc au Temple, poussé par l'Esprit, et quand les parents apportèrent le petit enfant Jésus pour accomplir les prescriptions de la Loi à son égard, il le reçut dans ses bras, bénit Dieu et dit : " Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s'en aller en paix ; car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël. "
À LA LITURGIE DE LA FÊTE :
PREMIÈRE ANTIENNE (Ps 44, 2-3)
Mon coeur a fait jaillir un verbe excellent,
et je dis : mon oeuvre est pour le Roi.
Refrain : Par les prières de la Mère de Dieu,
ô Sauveur, sauve-nous. (Refrain)
Ma langue est le roseau d'un scribe agile ;
tu es beau, le plus bel enfant des hommes. (Refrain)
La grâce s'est rependue sur tes lèvres,
aussi tu es béni du Seigneur à jamais. (Refrain)
Gloire au Père... Maintenant... (Refrain)
DEUXIÈME ANTIENNE (Ps 44, 4-7)
Ceins ton épée, vaillant guérier, à ton côté,
chevauche dans l'éclat de ta royale splendeur.
Refrain : Sauve-nous, ô Fils de Dieu,
porté sur les bras du juste Siméon,
nous qui te chantons, alléluia.
Défends la vérité, la bonté, la justice. (Refrain)
Tes flèches sont aiguës, voici les peuples sous ta loi,
ils perdent coeur les ennemis du Roi. (Refrain)
Ton trône, ô Dieu, est pour les siècles des siècles,
sceptre de droiture, le sceptre de ton règne. (Refrain)
Gloire au Père... Maintenant...
Fils unique et Verbe de Dieu...
TROISIÈME ANTIENNE (Ps 44, 11; 13 ; 18)
Écoute, ma fille, regarde et tends l'oreille,
oublie ton peuple et la maison de ton père.
Refrain :
Réjouis-toi, Pleine de grâce, Vierge Mère de Dieu,
car de toi s’est levé le Soleil de Justice,
le Christ notre Dieu, illuminant ceux
qui étaient dans les ténèbres.
Réjouis-toi aussi, juste vieillard Siméon,
car dans tes bras tu as porté le libérateur de nos âmes
qui nous permet de prendre part
à sa divine Résurrection. (Le Tropaire)
Les plus riches du peuple rechercheront ta faveur. (Refrain)
Je célébrerai ton nom d'âge en âge :
que les peuples te louent dans les siècles des siècles ! (Refrain)
Gloire au Père... Maintenant... (Refrain)
CHANT D'ENTRÉE
Le Seigneur a fait connaître son salut,
aux yeux des païens il a révélé sa justice.
Sauve-nous, ô Fils de Dieu,
porté sur les bras du juste Siméon,
nous qui te chantons, alléluia.
PROKIMENON (Lc 1, 46-48)
Mon âme magnifie le Seigneur,
et mon esprit exulte de joie en Dieu mon Sauveur.
Verset : Il s'est penché sur son humble servante,
désormais toutes les générations m'appelleront bienheureuse.
ÉPÎTRE (He 7, 7-17)
Frères, sans aucun doute, c'est l'inférieur qui est béni par le supérieur. De plus, ici ce sont des hommes mortels qui perçoivent les dîmes, mais là c'est celui dont on atteste qu'il vit. Enfin c'est pour ainsi dire Lévi lui-même, lui qui perçoit la dîme, qui se trouve l'avoir payée en la personne d'Abraham ; car il était encore dans les reins de son aïeul, lorsque Melchisédech se porta à sa rencontre. Si donc la perfection était réalisée par le sacerdoce lévitique - car c'est sur lui que repose la Loi donnée au peuple -, quel besoin y avait-il encore que se présentât un autre prêtre selon l'ordre de Melchisédech et qu'il ne fût pas dit " selon l'ordre d'Aaron " ? - En effet, changé le sacerdoce, nécessairement se produit aussi un changement de Loi. - Car celui dont ces choses sont dites appartenait à une autre tribu, dont aucun membre ne s'est jamais occupé du service de l'autel. Il est notoire, en effet, que notre Seigneur est issu de Juda, tribu dont Moïse n'a rien dit quand il traite des prêtres. Cela devient encore plus évident si, à la ressemblance de Melchisédech, se présente un autre prêtre, qui ne l'est pas devenu selon la règle d'une prescription charnelle, mais bien selon la puissance d'une vie impérissable. Ce témoignage, en effet, lui est rendu : Tu es prêtre pour l'éternité selon l'ordre de Melchisédech.
ALLÉLUIA (Lc 2, 29 et 32 )
Maintenant, Seigneur, laisse ton serviteur
s'en aller en paix selon ta parole,
car mes yeux ont vu le salut qui vient de toi.
Verset : Lumière qui se révèle aux nations
et gloire de ton peuple Israël.
Et lorsque furent accomplis les jours pour leur purification, selon la Loi de Moïse, ils l'emmenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon qu'il est écrit dans la Loi du Seigneur : Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur, et pour offrir en sacrifice, suivant ce qui est dit dans la Loi du Seigneur, un couple de tourterelles ou deux jeunes colombes. Et voici qu'il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon. Cet homme était juste et pieux ; il attendait la consolation d'Israël et l'Esprit Saint reposait sur lui. Et il avait été divinement averti par l'Esprit Saint qu'il ne verrait pas la mort avant d'avoir vu le Christ du Seigneur. Il vint donc au Temple, poussé par l'Esprit, et quand les parents apportèrent le petit enfant Jésus pour accomplir les prescriptions de la Loi à son égard, il le reçut dans ses bras, bénit Dieu et dit : " Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s'en aller en paix ; car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël. " Son père et sa mère étaient dans l'étonnement de ce qui se disait de lui. Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère : " Vois ! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël ; il doit être un signe en butte à la contradiction - et toi-même, une épée te transpercera l'âme ! - afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœurs. " Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanouel, de la tribu d'Aser. Elle était fort avancée en âge. Après avoir, depuis sa virginité, vécu sept ans avec son mari, elle était restée veuve ; parvenue à l'âge de quatre-vingt-quatre ans, elle ne quittait pas le Temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière. Survenant à cette heure même, elle louait Dieu et parlait de l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem. Et quand ils eurent accompli tout ce qui était conforme à la Loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, leur ville. Cependant l'enfant grandissait, se fortifiait et se remplissait de sagesse. Et la grâce de Dieu était sur lui.
MÉGALINAIRE
Sainte Mère de Dieu, espérance de tous les chrétiens,
garde sous ta constante protection
ceux qui placent en toi leur espérance.
Dans l'ombre et l'écriture de la Loi,
fidèles, nous voyons le mystère préfiguré :
Tout enfant mâle qui ouvre le sein
doit être consacré au Seigneur.
Fils premier-né, Verbe du Père éternel
et premier-né d'une Mère vierge, nous te magnifions.
CHANT DE COMMUNION (Ps 115, 13)
J'élèverai la coupe du salut
et j'invoquerai le Nom du Seigneur. Alléluia.
MÉDITATION SUR LA FÊTE
AVEC LE PÈRE LEV GILLET
D’après la loi de Moïse (Lv 12, 2-8), la mère d’un enfant mâle devait, quarante jours après la naissance, présenter l’enfant devant le tabernacle et offrir en holocauste, comme purification " de son flux de sang ", soit un agneau soit une paire de colombes ou de pigeons. La présentation d’un enfant premier-né avait aussi le sens d’un rachat, car tout premier-né, aussi bien animal qu’humain, était considéré comme appartenant à Dieu (Nb 18, 14-18). Marie et Joseph obéirent à ce précepte de la loi. Ils apportèrent au Temple Jésus qui fut béni par le vieillard Siméon et reconnu comme sauveur par la prophétesse Anne. C’est cet événement que nous célébrons dans la fête du 2 février [1].
Aux vêpres de la fête, le soir du 1er février, on lit trois leçons de l’Ancien Testament. La première (Ex 13, 1-16) formule les préceptes relatifs à la circoncision et à la purification, mis dans la bouche de Dieu parlant à Moïse. La deuxième (Is 6, 1-12) décrit la vision des séraphins aux six ailes par Isaïe et la manière dont un des séraphins, avec un chardon ardent, purifia les lèvres du prophète ; ce passage a vraisemblablement été choisi à cause de quelques paroles qui pourraient symboliquement préfigurer la venue du Christ dans le Temple : " Les gonds du seuil vibraient… et le Temple se remplissait de fumée… et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur des Armées ". La troisième leçon (fragments du chapitre 19 d’Isaïe) ne se comprend bien que si on lit le chapitre tout entier : on voit alors que la venue du Seigneur en Égypte, la destruction des idoles égyptiennes en sa présence, et son adoration pas les Égyptiens peuvent s’appliquer à la révélation que le Christ a faite de lui-même aux païens, (" lumière pour éclairer les nations ", comme dit le cantique de Siméon.) L’évangile lu à matines (Lc 2, 25-32) est un abrégé de celui qui est lu à la liturgie (Lc 2, 22-40) et qui relate la présentation de Jésus au Temple. L’épître de la liturgie (He 7, 7-17), parle de Melchisedek rencontrant Abraham ; déjà Lévi a payé la dîme à Melchisedek " en la personne d’Abraham… car il était dans les reins de son aïeul… " ; le sacerdoce aaronique rendait ainsi hommage au sacerdoce éternel ; de même, pouvons-nous inférer de ce texte, que le Temple de Jérusalem, en la personne de Siméon qui accueille et bénit Jésus, rend hommage au sacerdoce du Christ. On sait que le cantique de Siméon, " Laisse maintenant, Seigneur, ton serviteur s’en aller en paix ", est devenu un élément de l’office divin quotidien, à Rome comme à Byzance. La phrase de Siméon [2] à Marie, " un glaive te transpercera l’âme… ", jette un rayon de lumière sur le mystère de la participation de la Très Sainte Vierge à la Passion de son Fils.
" Allons, nous aussi… à la rencontre du Christ et accueillons-le, ornez votre chambre… et recevez le Christ Roi… Et accueillez Marie la porte du ciel ". Ces chants de la fête de la Présentation s’appliquent aussi à notre âme. Chaque âme devrait être un Temple de Dieu, où Marie apporte Jésus. Et chacun de nous, comme Siméon, devrait prendre l’enfant dans ses bras et dire au Père : " Mes yeux ont vu ton salut. La prière de Siméon, " laisse ton serviteur s’en aller en paix ", ne signifie pas seulement que celui qui a vu Jésus et l’a tenu dans ses bras peut maintenant quitter cette vie, mourir en paix. Elle signifie encore pour nous que, ayant vu et touché le Sauveur, nous sommes délivrés de la servitude du péché et nous pouvons nous éloigner en paix du royaume du mal.
[1] Cette fête existait à Jérusalem dès la première moitié du Ive siècle. L'empereur Justinien 1er l'introduisait en 542 dans tout l'empire byzantin. Nous la trouvons célébrée à Rome au VIIe siècle. En Orient, la Présentation (ou, selon le terme grec, la " rencontre ") est considérée comme une des fêtes de notre Seigneur. En Occident, c'est plutôt une fête de la sainte Vierge ; on la nomme généralement " Purification de la bienheureuse Vierge Marie ". L'usage latin de bénir des cierges le 2 février date du XIe siècle.
[2] Nous ne savons pas qui était Siméon, pas plus que nous ne savons qui était Anne. Il est possible que Siméon ait été un fils du célèbre rabbin Hillel et le père du pharisien Gamaliel que mentionne, plutôt avec sympathie, le livres des Actes (5, 34). Certains textes rabbiniques pourraient être interprétés dans ce sens. Il est aussi possible que Siméon ait eu deux fils, Gharinus et Leucius, dont parle l'évangile apocryphe de Nicodème. Mais nous n'avons pas l'ombre de certitude historique à ce sujet.
Extrait du livre L'An de grâce du Seigneur,
signé "Un moine de l'Église d'Orient",
Éditions AN-NOUR (Liban) ;
Éditions du Cerf, 1988.