Pentecôte
50 jours après Pâques
TROPAIRE
KONDAKION
ÉVANGILE DES MATINES
À LA LITURGIE DE LA FÊTE :
ANTIENNES
ENTRÉE ET PROKIMENON
ÉPÎTRE ET ALLÉLUIA
ÉVANGILE
MÉGALINAIRE ET COMMUNION
MÉDITATION SUR LA FÊTE
AVEC LE PÈRE LEV GILLET
NOTES
Béni sois-tu, ô Christ notre Dieu, toi qui fis descendre le Saint Esprit sur tes Apôtres, transformant par ta sagesse de simples pêcheurs en pêcheurs d’hommes, dont les filets prendront le monde entier. Seigneur, ami des hommes, gloire à toi.
Ayant confondu les langues de l'univers, le Seigneur du haut des cieux dispersa les nations ; mais en partageant les langues de feu, il invite tous les hommes à l'unité et tous ensemble nous glorifions le très-saint Esprit.
ÉVANGILE DES MATINES
(Jean 20, 19-31)
Le soir, ce même jour, le premier de la semaine, et les portes étant closes, là où se trouvaient les disciples, par peur des Juifs, Jésus vint et se tint au milieu et il leur dit : " Paix à vous ! " Ayant dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie à la vue du Seigneur. Il leur dit alors, de nouveau : " Paix à vous ! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie. " Ayant dit cela, il souffla sur eux et leur dit : " Recevez l'Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. " Or Thomas, l'un des Douze, appelé Didyme, n'était pas avec eux, lorsque vint Jésus. Les autres disciples lui dirent donc : " Nous avons vu le Seigneur ! " Mais il leur dit : " Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas. " Huit jours après, ses disciples étaient de nouveau à l'intérieur et Thomas avec eux. Jésus vient, les portes étant closes, et il se tint au milieu et dit : " Paix à vous. " Puis il dit à Thomas : " Porte ton doigt ici : voici mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté, et ne deviens pas incrédule, mais croyant. " Thomas lui répondit : " Mon Seigneur et mon Dieu ! " Jésus lui dit : " Parce que tu me vois, tu crois. Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru. " Jésus a fait sous les yeux de ses disciples encore beaucoup d'autres signes, qui ne sont pas écrits dans ce livre. Ceux-là ont été mis par écrit, pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu'en croyant vous ayez la vie en son nom.
À LA LITURGIE DE LA FÊTE :
PREMIÈRE ANTIENNE
Les cieux racontent la gloire de Dieu, l'oeuvre de ses mains, le firmament l'annonce.
Refrain : Par les prières de la Mère de Dieu, ô Sauveur, sauve-nous.
Ce ne sont langues ou paroles dont la voix peut être comprise. (Refrain)
Par toute la terre a retenti leur message, leur parole jusqu'aux limites du monde. (Refrain)
Gloire au Père... Maintenant... (Refrain)
DEUXIÈME ANTIENNE
Que le Seigneur t'exauce au jour de la détresse, que te protège le Nom du Dieu de Jacob.
Refrain : Sauve-nous, ô Saint Esprit,
toi qui descendis sur les Apôtres,
nous qui te chantons, alléluia.
Que du sanctuaire il t'envoie le secours et demeure ton soutien depuis Sion ! (Refrain)
Qu'il se souvienne de tous tes sacrifices, que ton holocauste lui soit agréable ! (Refrain)
Gloire au Père... Maintenant...
Fils unique et Verbe de Dieu...
TROISIÈME ANTIENNE
Seigneur, en ta puissance se réjouit le roi, et combien ton salut le comble d'allégresse !
Refrain :
Béni sois-tu, ô Christ notre Dieu, toi qui fis descendre le Saint Esprit sur tes Apôtres, transformant par ta sagesse de simples pêcheurs en pêcheurs d’hommes, dont les filets prendront le monde entier. Seigneur, ami des hommes, gloire à toi.
(Le Tropaire)
Tu lui as donné le désir de son coeur, tu n'as pas refusé ce que demandaient ses lèvres. (Refrain)
Car tu las déjà comblé des bénédictions de la grâce, tu as mis sur sa tête une couronne aux fins joyaux. (Refrain)
CHANT D'ENTRÉE
Que ta puissance, Seigneur, soit exaltée, nous chanterons ta suprême majesté.
Sauve-nous, ô Saint Esprit, toi qui descendis sur les Apôtres, nous qui te chantons, alléluia.
À LA PLACE DU TRISAGION :
Vous tous qui avez été baptisés en Christ,
vous avez revêtus le Christ, alléluia.
PROKIMENON (Ps 18, 5 et 2)
Par toute la terre a reteni leur message, leur parole jusqu'aux limites du monde.
Verset : Les cieux racontent la gloire de Dieu, l'oeuvre de ses mains, le firmament l'annonce.
ÉPÎTRE (Actes 2, 1-11)
Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu, quand, tout à coup, vint du ciel un bruit tel que celui d'un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils se tenaient. Ils virent apparaître des langues qu'on eût dites de feu ; elles se partageaient, et il s'en posa une sur chacun d'eux. Tous furent alors remplis de l'Esprit Saint et commencèrent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. Or il y avait, demeurant à Jérusalem, des hommes dévots de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui se produisit, la multitude se rassembla et fut confondue : chacun les entendait parler en son propre idiome. Ils étaient stupéfaits, et, tout étonnés, ils disaient : " Ces hommes qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il alors que chacun de nous les entende dans son propre idiome maternel ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et d'Asie, de Phrygie et de Pamphylie, d'Égypte et de cette partie de la Libye qui est proche de Cyrène, Romains en résidence, tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons publier dans notre langue les merveilles de Dieu ! "
ALLÉLUIA (Ps 32, 6 et 13)
Par la parole du Seigneur les cieux furent affermis et par le souffle de sa bouche, toutes leurs puissances.
Verset : Du haut des cieux le Seigneur regarde : il voit tous les fils des hommes.
ÉVANGILE
(Jean 7, 37-52 ; 8, 12)
Le dernier jour de la fête, le grand jour, Jésus, debout, s'écria : " Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive, celui qui croit en moi ! " selon le mot de l'Écriture : De son sein couleront des fleuves d'eau vive. Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui ; car il n'y avait pas encore d'Esprit, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié. Dans la foule, plusieurs, qui avaient entendu ces paroles, disaient : " C'est vraiment lui le prophète ! " D'autres disaient : " C'est le Christ ! " Mais d'autres disaient : " Est-ce de la Galilée que le Christ doit venir ? L'Écriture n'a-t-elle pas dit que c'est de la descendance de David et de Bethléem, le village où était David, que doit venir le Christ ? " Une scission se produisit donc dans la foule, à cause de lui. Certains d'entre eux voulaient le saisir, mais personne ne porta la main sur lui. Les gardes revinrent donc trouver les grands prêtres et les Pharisiens. Ceux-ci leur dirent : " Pourquoi ne l'avez-vous pas amené ? " Les gardes répondirent : " Jamais homme n'a parlé comme cela ! " Les Pharisiens répliquèrent : " Vous aussi, vous êtes-vous laissé égarer ? Est-il un des notables qui ait cru en lui ? ou un des Pharisiens ? Mais cette foule qui ne connaît pas la Loi, ce sont des maudits ! " Nicodème, l'un d'entre eux, celui qui était venu trouver Jésus précédemment, leur dit : " Notre Loi juge-t-elle un homme sans d'abord l'entendre et savoir ce qu'il fait ! " Ils lui répondirent : " Es-tu de la Galilée, toi aussi ? Étudie ! Tu verras que ce n'est pas de la Galilée que surgit le prophète. " Jésus leur adressa encore la parole. Il dit : « Je suis la lumière du monde ; qui me suit ne marchera pas les ténèbres, mais aura la lumière de la vie. »
MÉGALINAIRE (usage slave)
Lorsqu'ils asssistèrent à la descente du Paraclet, les Apôtres virent avec étonnement comme sous la forme de langues de feu est apparu le Saint Esprit.
Réjouis-toi, ô Reine, glorieuse Vierge Mère. Quel rhéteur assez riche d'éloquence trouverait élégamment un éloge digne de toi ? Car tout esprit chancelle devant le mystère de ton enfantement divin ; aussi nous unissons nos voix pour te glorifier.
CHANT DE COMMUNION (Ps 142, 10)
Que ton Esprit, dans sa bonté, me conduise par le droit chemin. Alléluia.
MÉDITATION SUR LA FÊTE
AVEC LE PÈRE LEV GILLET
« Voici que nous célébrons la fête de la Pentecôte, la venue de l’Esprit, l’accomplissement de la promesse ainsi que de notre espérance ». C’est en ces termes que l’Église aux vêpres de la Pentecôte, le samedi soir, nous invite à entrer dans l’atmosphère de cette très grande fête que nous célébrons le septième dimanche après Pâques [1] et qui n’est pas inférieure à Pâques elle-même.
Au cours de ces vêpres du samedi soir avant la Pentecôte, trois lectures de l’Ancien Testament nous préparent à la fête. La lecture du livre des Nombres (11, 16-17, 24-29) nous montre Moïse choisissant, sur l’ordre de Dieu, soixante-dix anciens auxquels Dieu communiqua une part de l’esprit qu’il avait donné à Moïse. Ils se tenaient près du tabernacle, « quand l’Esprit reposa sur eux, ils prophétisèrent… ». Et, quand Josué demanda à Moïse de réduire au silence deux hommes qui prophétisaient sans être venus vers le tabernacle, Moïse répondit : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Puisse tout le peuple de Yahvé être prophète, Yahvé leur donnant son Esprit ! [2] ». La lecture du prophète Joël (2, 23-32) prédit ce qui arriva lors de la première Pentecôte chrétienne : « Après cela je répandrai mon Esprit sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens auront des songes, vos jeunes gens, des visions. Même sur les esclaves, hommes et femmes, en ces jours-là, je répandrai mon Esprit ». La lecture du prophète Ezéchiel (36, 24-28) annonce elle aussi un renouvellement intérieur : « … Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau ; J’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon esprit en vous… ».
Aux matines de la Pentecôte, chantées le samedi soir ou le dimanche matin, nous lisons un des évangiles racontant les apparitions de Jésus ressuscité. Dans ce passage (Jn 20, 19-31), nous voyons une première descente de l’Esprit sur les disciples : « … Il [Jésus] souffla sur eux et leur dit : Recevez l’Esprit Saint… ». Cette première venue de l’Esprit n’est pas moins réelle que celle du jour de la Pentecôte. La différence est que, le jour de la Pentecôte, l’Esprit descendit sur eux avec « puissance ». Il y a la même différence entre la venue du Saint-Esprit sur un chrétien baptisé, au moment où il reçoit le sacrement de chrismation ou confirmation, et ce baptême de l’Esprit dont nous reparlerons et que certains chrétiens obtiennent à un stade avancé de la vie spirituelle.
À la liturgie, le dimanche matin, nous lisons, au lieu d’épître, le récit des événements de la Pentecôte tels que les décrit le livre des Actes des apôtres (2, 1-11). Certains aspects de ce récit appellent particulièrement notre attention.
« Le jour de la Pentecôte étant arrivé… ». La Pentecôte est à la fois un achèvement et un début. Une voie nouvelle s’ouvrait devant les disciples, mais ils s’y étaient préparés. Nous ne pouvons pas entrer en quelque sorte dans la Pentecôte à l’improviste. Il nous faut d’abord avoir assimilé toute la substance spirituelle que nous offrent les cinquante jours compris entre Pâques et Pentecôte. Il nous faut déjà avoir eu l’expérience du Christ ressuscité. Il faut avoir traversé les jours de la Passion. Bref, il faut avoir mûri.
« Ils se trouvaient tous ensemble… ». Quelques autres versets du livre des Actes nous dépeignent les Onze, assemblés « dans la chambre haute », avec Marie, mère de Jésus et les femmes. C’était l’Église naissante. Ils priaient tous ensemble. Nous trouvons là les conditions nécessaires à la réception du Saint-Esprit. Il nous faut, à certains moments, nous retirer du monde et nous enclore dans la chambre haute de notre âme. Là nous devons prier. Et nous devons nous unir à la prière et à la foi de toute l’Église. Nous devons être « ensemble » avec les apôtres et avec la mère de Jésus. Qui veut ignorer l’autorité des apôtres ou se passer de la présence maternelle de Marie ne peut recevoir le Saint-Esprit.
« Quand, tout à coup, vint du ciel un bruit comme celui d’un violent coup de vent… ». Le Saint-Esprit est un souffle, un vent. Ce qui importe pour nous, ce n’est pas de nous émerveiller devant le puissance de ce souffle, mais de nous soumettre entièrement à lui et de nous laisser « pousser » par l’Esprit comme Jésus aux jours de sa vie terrestre. Que ce souffle nous dirige où il veut. Rappelons-nous aussi que ce souffle est lui-même « dirigé ». Il n’est pas une force indépendante et incohérente. Jésus a soufflé le Saint-Esprit sur ses disciples. Mais ce souffle procède d’abord de la bouche du Père [3]. Il est une obéissance à Dieu. En obéissant aux impulsions de l’Esprit (le vent bruyant n’est qu’un symbole extérieur et rare, l’impulsion intérieure est la réalité), nous participons à l’obéissance de l’Esprit lui-même, procédant du Père, envoyé par le Fils.
« Ils virent apparaître des langues qu’on eût dites de feu ; elles se divisaient et il s’en posa une sur chacun d’eux ». Le Saint-Esprit apparaît sous la forme de langues. La Pentecôte remédie à la dispersion et confusion des langues, produit de l’effort orgueilleux de la tour de Babel. Elle rétablit l’unité du langage humain. Les disciples seront compris par tous les étrangers venus à Jérusalem, Parthes, Mèdes et Cappadociens, et ceux-ci s’étonneront d’entendre comme dans leur propre langue les discours de ces Galiléens. Le langage de l’Esprit – du moins son sens intérieur – est aujourd’hui encore accessible à tous les hommes, à toutes les races, à toutes les nations ; le même Esprit transmet un message universel, que chaque âme reconnaît cependant comme le sien propre. D’autre part, encore de nos jours, celui en qui le Saint-Esprit agit devient capable, sinon de s’exprimer en langues étrangères, du moins de trouver la « langue » psychologique qui aura une résonance chez chacun et ouvrira son cœur. Le « dialogue » devient ainsi possible. Ce sont des langues de feu qui se posèrent sur les disciples. Ces langues impliquent une charité brûlante. La parole semble conditionnée par la flamme. Enfin les langues sont également distribuées. Elles ne sont pas le privilège de Pierre, ou de Marie, ou des Onze. Elles se posent sur tous ceux qui sont présents dans la chambre haute, et cependant ces langues enflammées sont un seul et même feu. Ainsi se trouve résolu dans l’Église le problème de l’unité et des personnes. Ni l’une ni les autres ne sont sacrifiées.
« Tous furent alors remplis de l’Esprit Saint… ». Cette soudaine et complète invasion de l’âme entière par le Saint-Esprit, accompagnée d’une force nouvelle, extraordinaire, constitue le « baptême du Saint-Esprit » différent à la fois du baptême d’eau et de l’onction par laquelle l’Église communique l’Esprit. Il y a là une réalité que nous avons trop perdue de vue, mais sur laquelle l’Écriture insiste et vers laquelle notre attention devrait être rappelée [4].
« Et ils commencèrent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer… ». Nous avons déjà indiqué l’importance de cette parole « donnée » par l’Esprit [5]. Mais, d’une manière plus générale, ici se pose la question des grâces extraordinaires ou pentecostales, des charismes [6]. Un danger serait de les désirer d’une manière désordonnée. Un autre danger serait de les négliger, de les oublier, de penser que ce sont là choses du passé, alors qu’ils ont été donnés – ou plutôt qu’ils sont donnés – à l’Église pour tous les temps.
L’évangile du dimanche de la Pentecôte (Jn 7, 37-52 – 8, 12) relate les discussions entre Juifs relativement à la personne de Jésus. Seuls les trois premiers versets ont un rapport direct avec le Saint-Esprit : « Jésus debout, lança à pleine voix : si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive, celui qui croit en moi, selon le mot de l’Écriture, de son sein couleront des fleuves d’eau vive. Il parlait de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croient en lui ; car ils n’avaient pas encore l’Esprit, parce que Jésus n’avait pas encore été glorifié ». Le sens de ces paroles est clair. D’une part, l’effusion du Saint-Esprit est conditionnée par la foi en Jésus. D’autre part, le Saint-Esprit sera donné quand la présence visible de Jésus aura été retirée de ce monde. Ce sont là les deux points fondamentaux de la doctrine des rapports du Fils et de l’Esprit dans la vie des chrétiens [7].
Aussitôt après la liturgie commencent des vêpres d’une structure spéciale. Au cours de cet office, la congrégation, agenouillée, chante d’une manière solennelle le tropaire « Roi du ciel, Consolateur, Esprit de vérité, toi qui es partout présent et qui remplis tout… ». On sait que ce tropaire est dit au début de chaque liturgie et de la plupart des offices du rit byzantin ; et il est, si nous ne faisons pas erreur, la seule prière adressée directement, dans ce rit, au Saint-Esprit [8]. Cette prière, le matin du dimanche de la Pentecôte, a une importance capitale : son chant est le moment où l’Église concentre toutes ses aspirations vers l’Esprit et implore sa venue ; à ce moment, chaque fidèle agenouillé peut, s’il demande vraiment Celui qui est le « don » par excellence, recevoir dans son cœur un renouvellement de la grâce pentecostale et la descente de la colombe [9]. La congrégation étant encore agenouillée, le prêtre lit sept longues prières ; deux d’entre elles sont adressées à Dieu, sans distinction entre les trois personnes divines ; deux sont adressées au Père et trois au Fils. Elles peuvent, au premier abord, sembler un peu diffuses ; mais si on les analyses attentivement, on reconnaîtra en elles une somme de la doctrine orthodoxe. Elles récapitulent toute l’économie divine du salut ; elles indiquent tout ce que Dieu a fait pour les hommes depuis la création et elle sollicitent les grâces dont nous avons besoin. Quoiqu’elles fassent certaines allusions au Saint-Esprit, elles marquent un glissement du mystère de l’Esprit au mystère de la Trinité. Une phrase de la cinquième de ces prières dit : « Ô toi, qui, le dernier et grand jour de notre salut, celui de la Pentecôte, nous as révélé le mystère de la Sainte Trinité, consubstantielle et co-éternelle… ». Cet aspect « trinitaire » de la fête de la Pentecôte explique pourquoi ce dimanche est souvent appelé, parmi les peuples orthodoxes, « jour de la Trinité [10] ». Il explique aussi pourquoi les Églises de rit Byzantin ont jugé bon de consacrer plus spécialement le lundi de la Pentecôte à la personne du Saint-Esprit : la liturgie et la plus grande part de l’office de la veille (sauf les sept prières dont nous avons parlé) sont répétées en ce lundi. À vrai dire, nommer, comme on le fait, le lundi de la Pentecôte « jour du Saint-Esprit » est une anomalie, car la vraie fête du Saint-Esprit est le dimanche de la Pentecôte, et il serait certainement souhaitable que, en ce dimanche même, la piété des fidèles s’adresse très particulièrement à la troisième personne de la Trinité, dont l’existence et l’action demeurent si voilées à beaucoup d’entre nous. D’autre part, il est bon que le mystère de la Trinité soit aussi rappelé à notre attention. Ce serait une grande erreur que de considérer le dogme de la Trinité comme une spéculation abstraite, lointaine, sans rapport avec notre vie pratique. L’amour vivant et réciproque des trois Personnes divines est le fait éternel, le fait le plus grand, infiniment plus grand et important que tout ce qui nous concerne nous-mêmes [11]. L’homme a été créé parce que les trois Personnes divines voulaient lui communiquer dans une certaine mesure leur propre vie intime. Déjà ici-bas, la vie de la grâce est une participation à cette vie de la Trinité. L’âme qui meurt unie à Dieu est appelée à entrer dans la circulation d’amour des trois Personnes. Les relations de celles-ci constituent le modèle suprême, quoiqu’infiniment transcendant, de ce que devraient être les relations entre les hommes. La Pentecôte, événement final de l’histoire de notre salut – puisque la dispensation du Saint-Esprit ne sera, en ce monde suivie d’aucune dispensation supérieure ou nouvelle – nous introduit au sein du mystère de la Trinité, océan d’où part et où aboutit le fleuve de l’amour divin qui emporte les hommes vers Dieu [12].
Afin de marquer que, à la Pentecôte, le cycle liturgique a atteint sa plénitude, l’Église orthodoxe appelle tous les dimanches qui suivent « dimanches après la Pentecôte ». Elle continue même de les désigner ainsi jusqu’au premier dimanche de la préparation au grand carême. Il en résulte, à partir du début de l’année liturgique (1er septembre), un curieux dédoublement entre la série des dimanches, qui se rattachent d’une certaine manière à la Pentecôte, au temps de plénitude, et les fêtes de Notre-Seigneur (Avent, Noël, Épiphanie), temps d’attente, de naissance et de croissance. En fait, la piété des fidèles saura, au cours des cinq ou six premiers mois de l’année liturgique, mettre spirituellement les dimanches en rapport avec le mystère du Christ attendu, apparaissant et grandissant au milieu des hommes. Par contre il est bon que, de la Pentecôte à la fin de l’année liturgique, nous sachions maintenir les dimanches dans le cadre du « temps après la Pentecôte » ou plutôt du « temps de la Pentecôte », lequel durera jusqu’au commencement de septembre. Nous célèbrerons ces dimanches dans l’esprit de la Pentecôte. Nous lirons, aux liturgies de ces dimanches des épisodes évangéliques bien antérieurs à la Pentecôte ; ils se rattachent à la vie terrestre de Jésus avant sa Passion et sa glorification. Mais nous les interprèterons en termes de l’Esprit, car c’est sous le souffle et par la puissance du Saint-Esprit que Jésus parlait et agissait.
Nous avons déjà souligné l’importance du thème de la lumière dans l’année liturgique byzantine : cette lumière divine apparaît avec la naissance du Christ ; elle croît avec lui ; elle triomphe sur les ténèbres la nuit de Pâques ; à la Pentecôte, elle atteint le plein midi. La Pentecôte est « la flamme du midi ». Mais à ce développement exprimé par l’année liturgique doit correspondre dans notre âme une croissance de la lumière intérieure. Les richesses et le symbolisme de l’année liturgique ne servent de rien si elles n’aident pas la « lumière intérieure » à guider notre vie.
Nous avons dit aussi que l’on pourrait discerner dans la vie spirituelle trois étapes comparables à trois conversions. La première conversion est la rencontre de l’âme avec Notre-Seigneur, suivi comme un Ami et comme un Maître. La deuxième conversion est l’expérience personnelle du pardon et du salut, de la croix et de la résurrection. La troisième conversion est la venue du Saint-Esprit dans l’âme comme une flamme et une force. C’est elle qui établit l’homme dans une union durable avec Dieu. Noël ou l’Épiphanie, puis Pâques et enfin la Pentecôte correspondent à ces trois conversions. Hélas ! il est probable que nous n’avons pas encore été transformés en flamme vive par les Pentecôtes déjà nombreuses auxquelles, chaque année, nous nous sommes liturgiquement associés. Du moins est-il bon que nous ne perdions jamais de vue quelles grâces, quelles possibilités chaque Pentecôte nous apporte.
[1] On sait que la Pentecôte était d’abord, comme Pâques, une fête juive. À l’origine, c’était la fête de la moisson des prémices (Exodes 23, 16). Plus tard, sous l’influence des Pharisiens, le caractère de cette fête se spiritualisa : elle devint la commémoration du don de la loi fait par Dieu à Moïse. La Pentecôte chrétienne prolonge ces deux lignes d’origine : les conversions et les miracles de la première Pentecôte chrétienne étaient les prémices de la religion de Jésus ; la venue de l’Esprit dans le cœur des disciples y inscrivait une Loi nouvelle. Nous savons par Tertullien que, le IIIe siècle, les chrétiens célébraient leur propre fête de Pentecôte. D’après les soi-disant Constitutions apostoliques, la célébration de la Pentecôte, au IVe siècle, durait une semaine. On conférait le baptême aux catéchumènes la veille du dimanche de Pentecôte, comme on le faisait le samedi-saint. Pâques et la Pentecôte – la Pâque de l’Esprit – étaient mises sur pied d’égalité.
[2] Ce texte devrait être médité, de nos jours, par les exclusivistes qui croient que Dieu ne peut se susciter de prophètes qu’auprès de leurs propres tabernacles. Les serviteurs de Dieu dont l’Église a sanctionné la vie et les paroles ont, de ce fait, une autorité particulière. Mais il n’est pas d’Église ou de groupe chrétiens, il n’est pas de religion, même païenne, où Dieu ne puisse élire des serviteurs saints et inspirés.
[3] Le souffle devient une voix. La voix qui prononce et la parole prononcée procèdent toutes deux du Père. Le Fils est le mot, la Parole de Dieu. Le Saint-Esprit est la voix qui porte et prononce cette Parole. Lorsque Dieu nous parle intérieurement, le contenu interne du message vient du Père. Le Fils formule et prononce le texte du message. Et c’est par la force de l’Esprit que le message nous atteint. Si le texte du message appartient au Fils, l’intonation et les inflexions, pour ainsi dire, sont de l’Esprit. Le même texte musical peut comporter des nuances très délicates d’exécution : le Saint-Esprit est le divin transmetteur des mots que prononce le Fils ; il joue des pédales dont dépendra la puissance ou la douceur du message, et il règle son impact sur l’âme humaine. Qu’on nous pardonne des comparaisons lamentablement déficientes. Mais il s’agit de réalités que nous ne pouvons représenter que par des images plus ou moins grossières. D’autre part, quand nous disons que l’Esprit, souffle du Père, a été – et est encore – insufflé par Jésus à ses disciples, nous parlons de l’envoi, de la mission de l’Esprit en ce monde. Mais il faut d’abord penser à l’Esprit comme au souffle du Père sur Jésus, souffle que Jésus transmet aux hommes. Nous touchons ici à la question de la procession de Saint-Esprit. Orthodoxes et Romains sont aujourd’hui d’accord sur un point : le Père seul est, dans la Trinité, principe absolu de procession. Ceux qui pensent que l’Esprit procède du Père « par le Fils » n’admettent cependant pas que le Fils soit, comme le Père, la source de la procession de l’Esprit ; il en est seulement le canal, l’instrument. Ceux qui pensent que le Fils et l’Esprit procèdent tous deux du Père d’une manière immédiate, sans que le Fils soit l’intermédiaire de la procession de l’Esprit (quoique, dans les missions extérieures de l’Esprit, ce soit le Fils qui l’envoie), sont peut-être implicitement préoccupés de ceci : éviter jusqu’à l’apparence de faire dépendre l’élément invisible (l’Esprit) de l’élément visible (le Fils incarné). Cette préoccupation a d’importantes conséquences dans la conception de l’Église ou, pus précisément, des rapports entre l’élément spirituel et l’élément institutionnel dans l’Église.
[4] L’Écriture montre que cette venue de l’Esprit « avec puissance » peut être accordée sans ministère humain, sans intermédiaire sacramentel (imposition des mains ou onction) : c’est ainsi que Corneille et d’autres reçurent le Saint-Esprit (Ac 10, 44). Dans ce cas, le baptême d’esprit a eu lieu avant le baptême d’eau. Paul a aussi reçu le Saint-Esprit avant d’être baptisé d’eau ; dans le cas de Paul, la venue de l’Esprit a été opérée par une imposition des mains, sans que nous sachions quelle place le ministre qui la conféra occupait dans la communauté chrétienne (Ac 9, 17). Il arrivait que l’Esprit vînt une deuxième fois sur un homme ou un groupe qui l’avaient déjà reçu (Ac 5, 31). Nous ne pouvons donc identifier simplement ce baptême d’Esprit, mentionné dans l’Écriture, avec les rites ecclésiastiques de la « confirmation » ou « chrismation » : ce sacrement se rapproche plutôt de l’insufflation de l’Esprit sur les disciples par Jésus, après la Résurrection, bien avant que la flamme et la force de la Pentecôte fussent descendues sur eux. De même, à la question que Paul posait aux Éphésiens : « Avez-vous reçu le Saint-Esprit ? », il ne suffirait pas que nous répondions : « J’ai reçu l’Esprit lorsqu’après mon baptême j’ai été oint avec le chrisme ». Il s’agit de savoir si et comment la semence de l’Esprit, alors déposée en nous, s’est développée et a fructifié. La venue de l’Esprit avec puissance, la Pentecôte intérieure se produit parfois graduellement et insensiblement ; d’autre fois, elle constitue un événement brusque, une coupure radicale dans la trame de la vie. Elle peut s’accomplir sans aucune intervention humaine ; elle peut aussi s’accomplir au contact ou par la prière d’un homme, quel qu’il soit, qui déjà possède la force de l’Esprit. Beaucoup d’âmes vivent, étrangères à cette puissance pentecostale, quoiqu’elles aient été marquées du double sceau du baptême d’eau et de l’onction. Par contre, nous n’oserions point nier que, de nos jours, comme autrefois, certains hommes qui n’ont pas reçu sacramentellement l’Esprit ont cependant obtenu la réalité du baptême de l’Esprit et la grâce de Pentecôte, car « L’Esprit souffle où il veut » (Jn 3, 8) et « Dieu ne donne pas l’Esprit avec mesure » (Jn 3, 34). Une vie chrétienne où la puissance de l’Esprit (non seulement sa présence latente) ne se ferait pas sentir n’aurait pas atteint son développement normal. Mais en combien de chrétiens le baptême de l’Esprit, la Pentecôte sont-ils une force agissante ? On reconnaît cette force dans la vie des saints.
[5] L’antiquité chrétienne a connu le « don des langues » sous une double forme : la « xénoglossie », qui consiste à s’exprimer dans une langue étrangère à celui qui la parle ou, si l’orateur s’exprime dans sa propre langue, à être compris par des étrangers ; et la « glossolalie », qui consiste à prononcer des paroles mystérieuses, incompréhensibles en toute langue, et nécessitant un interprète, lui aussi inspiré, pour les traduire aux auditeurs.
[6] Saint Paul énumère les principaux charismes : guérison, prophétie, parler en langues, discernement des esprits, etc. (1 Co 12, 7-10). Ces dons extraordinaires n’ont jamais disparu de l’Église : cet aspect de la succession apostolique a surtout été dévolu aux saints, et il constitue le ministère pneumatique, prophétique, à l’intérieur de la communauté chrétienne. La pauvreté de notre foi est cause que trop souvent nous considérons ces grâces comme exceptionnelles. Mais c’est aux croyants de tous les temps que Jésus a dit : « Et voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : par mon Nom, ils chasseront les démons, ils parleront en langues… ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris (Mc 16, 17-18) ». Paul exhortait les fidèles à désirer ces dons de l’Esprit qui nous semblent extraordinaires : « Aspirez aux dons supérieurs » (1 Co 12, 31). Mais il ne faut pas oublier qu’au-delà des charismes se trouve ce que Paul nomme la « voie qui les dépasse tous » (1 Co 12, 31) de la charité.
[7] Si nous essayons de nous adresser au Saint-Esprit en le séparant mentalement de la personne du Christ, il semble en quelque sorte se retirer et s’évanouir. Le Fils nous envoie l’Esprit. L’Esprit nous révèle le Fils. Le Saint-Esprit n’est pas un substitut du Christ, mais il nous prépare pour le Christ, il le forme en nous, il nous le rend présent. En ce sens, on pourrait dire que le Fils, notre modèle, est l’« objet » vers lequel tend notre vie spirituelle. L’Esprit, agissant en nous, est le « sujet » qui tend vers cet objet et nous porte vers lui.
[8] À défaut de prières adressées au Saint-Esprit lui-même, nous devons pratiquer ce que l’apôtre Jude (épître, verset 20) appelle « prier dans l’Esprit Saint », soit que l’intention et les paroles de notre prière nous aient été données par l’Esprit, soit que notre âme s’unisse en silence à la prière inconnue que l’Esprit ne cesse de former. Il est en nous-mêmes le vrai Suppliant. Comme dit Paul, « L’Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables » (Rm 8, 26).
[9] Quand nous disons que le Saint-Esprit habite en nous, nous « approprions » (comme disent les théologiens) à la troisième Personne de la Trinité une action dans laquelle les deux autre Personnes se trouvent incluses, car la Trinité entière partage l’activité extérieure de chacun de ses membres. Mais il est très conforme à l’Écriture de parler d’une immanence de l’Esprit dans la créature humaine, qui est son temple.
[10] Les Églises de rit byzantin n’ont pas, comme l’Église latine ou l’Église anglicane, un dimanche spécialement dédié à la Sainte Trinité et distinct de la Pentecôte.
[11] Il serait très instructif et fructueux pour nous, par exemple, de lire l’Évangile en nous plaçant au point de vue, non de la mission de Jésus en faveur des hommes, mais de la relation personnelle du Fils au Père. Nous verrions alors combien cette relation est l’essence même du mystère de Jésus. Les Pères grecs avaient bien senti l’importance de cette contemplation désintéressée de la vie divine. À dater de Luther, une partie de la chrétienté a voulu connaître seulement « le Christ pour nous », dans son action rédemptrice. Ce fut là une grande perte.
[12] Sans vouloir esquisser ici une théologie, même très sommaire, du mystère de la Trinité, nous voudrions indiquer les grandes lignes qu’a suivies l’esprit humain pour approcher ce mystère. Nous éliminerons d’emblée l’hérésie modaliste qui voit dans les Trois Personnes de simples aspects ou modes de l’activité de Dieu. Nous pouvons considérer la Trinité sur le plan ontologique, métaphysique : à l’intérieur de l’être divin, nous distinguerons trois relations « substantielle » de paternité, de filiation, de spiration ; nous appelons ces relations « substantielle » parce que, à la différence des relations entre êtres créés qui sont « accidentelles », détachables en quelque sorte de l’essence qui les supporte, les relations divine sont ce qui constitue chacune des Trois Personnes ; le Père n’est qu’en tant que Père, le Fils n’est qu’en tant de Fils, l’Esprit n’est qu’en tant que « spiré ». Telle est la ligne d’approche de Saint Thomas et de ses disciples. On peut se se placer sur le plan psychologique et établir des analogies entre les Personnes divines et ce qui se passe dans l’âme humaine : le Père est premier principe, puissance, mémoire ; le Fils est intellect ; l’Esprit est volonté, amour. Telle est la ligne que suivront ceux qui s’inspirent de Saint Augustin. Tandis que les Pères latins sont plutôt allés de l’unité divine aux trois Personnes, les Pères grecs ont préféré considérer tout d’abord les Personnes et atteindre ensuite l’unité divine. Un latin, Richard de Saint-Victor, les a suivis dans cette voie : dans sa conception de la Trinité comme consistant en trois amours personnels, le Père est le premier aimant, le Fils le premier aimé, et l’Esprit le « co-aimé » dont l’existence est nécessaire aux deux autres personnes, car un amour parfait veut partager ce qu’il reçoit et multiplier ce qu’il offre. Le mystère de la Trinité ne peut évidemment être compris par l’intelligence humaine. Mais, tout en étant objet de foi et non de compréhension rationnelle, il peut être approché, pressenti par notre âme, grâce aux harmoniques qu’il y soulève.
Extrait du livre L'An de grâce du Seigneur,
signé « Un moine de l'Église d'Orient »,
Éditions AN-NOUR (Liban) ;
Éditions du Cerf, 1988.